L’Auberge de la Jamaïque – Daphné du Maurier
L’Auberge de la Jamaïque (Jamaïca Inn) – Daphné du Maurier
Marie Yellan, 18 ans, vit à la ferme de ses parents depuis toujours. Sur son lit de mort, sa mère lui demande d’aller vivre avec sa tante Patience, qu’elle n’a pas vue depuis, quoi, 10, 15 ans ? Bien que peu enthousiaste à cette idée, notre jeune héroïne ne peut ignorer le vœu d’une mourante, sa mère qui plus est. C’est donc la mort dans l’âme que Marie écrit une lettre à cette tante qu’elle connait si peu pour lui faire part des dernières volontés de sa défunte mère. Quelques temps plus tard, voici donc qu’elle reçoit une réponse à son courrier. Dans cette lettre, sa tante l’informe qu’elle est ravie de l’accueillir chez elle et que son mari, Joss Merlyn, est le propriétaire d’une auberge, l’Auberge de la Jamaïque. Marie pourra ainsi aider son oncle à tenir l’Auberge et servir les clients. Charmante perspective pour une jeune fille habituée à la vie à la ferme, n’est-il pas….
Comble de malchance, cette auberge, outre être perdue dans la lande, a la réputation d’être particulièrement mal famée et on dit qu’il s’y trame des choses pas très catholiques. À peine arrivée, Marie se rend compte que les rumeurs semblent fondées et découvre une tante ma foi très malheureuse, qui vit dans la peur constante de son mari. Plusieurs événements se succèderont dans cette auberge inquiétante, qui viendront confirmer les soupçons que Marie avait à l’encontre de son Joss. Décidément, il y a quelque chose de pourri dans cette auberge… Rapidement, Marie fera la connaissance de Jem, le frère de Joss, un individu déstabilisant et peu cavalier, qui ne cesse de la provoquer, et du vicaire d’Altarnum, qui, tout de suite, la prend sous son aile et la réconforte. C’est vers lui que Marie se tournera au plus fort de la tourmente.
Sûre d’elle et de son courage, Marie se met rapidement en tête d’échafauder des plans pour les sortir, sa tante et elle, de ce pétrin. Mais la perversité de Joss Merlyn est sans borne, comme elle l’apprendra à ses dépens …
Après avoir lu Rebecca, j’ai eu envie de découvrir les autres romans de Daphné Du Maurier, dont le style m’avait beaucoup plu. L’Auberge de la Jamaïque m’a été proposé et tout naturellement, je me suis précipitée pour le lire avec un enthousiasme certain. Je n’ai pas été déçue, figurez-vous, très chers lecteurs…
L’Auberge de la Jamaïque est un roman noir, très noir, bien plus sombre que ne l’est Rebecca. Les mœurs qui y sont décrites sont bien loin de Manderley et de la douce et gentille Mrs de Winter. Ici, ce n’est plus de fantôme ni de passé dont il est question, mais plutôt de vol, d’assassinat, de corruption de ministres du culte et de violence conjugale. Rien de gentillet là-dedans, vous en conviendrez…
L’Auberge de la Jamaïque est réellement un roman palpitant, chers lecteurs, et plein de suspense. Il m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière page, jusqu’à la dernière ligne. Daphné Du Maurier s’y entend vraiment pour créer une ambiance noire et sinistre, une tension palpable et, à chaque fois (du moins, cela est vrai pour les deux romans que j’ai lu d’elle), embarque ses lecteurs dans une aventure digne des plus grands maîtres du suspense, pas tant pour son originalité, car si on se laisse prendre par les péripéties des héros et héroïnes, le fin mot de l’histoire ne nous laisse pas complètement abasourdis (quoi que… je ne l’avait pas vu venir, celui-ci), que pour l’ambiance. Car ce qui fait le succès des romans de Daphné Du Maurier, c’est sa plume incroyable, son talent de conteuse indéniable et sa profonde connaissance de la psychologie humaine. Un mot, un adjectif, une description finement rédigée et nous voilà nous aussi enfermés dans l’auberge, angoissés, le cœur battant. Deux pages plus loin, nous suivons Marie dans ses aventures au travers de la lande brumeuse, mystérieuse et inquiétante, et nous partageons ses peurs (il faut reconnaître qu’elle est un peu tête brûlée, quand même, et qu’elle les cherche, les ennuis… c’est vrai, pourquoi aller se fourrer dans ses situations impossibles alors qu’elle sait pertinemment qu’elle ne pourra pas s’en sortir seule !). Les bruits, les odeurs, sont évoqués de manière si réaliste qu’on a vraiment l’impression d’entendre les roues de la charrette, les cailloux contre les fenêtres, le silence angoissant de la lande.
À ce talent d’écriture vient s’ajouter ici encore une connaissance des noirceurs de l’âme digne d’Hitchcock (qui, d’ailleurs, a adapté quelques romans de Daphné Du Maurier – c’est un signe, ça, non ?). Ici, les profondeurs de l’âme humaine sont dépeintes dans leur plus grande noirceur. On y découvre des manipulateurs, des personnes sans le moindre scrupule (mais aussi quelques personnes de bonne volonté, victimes de la perversion des autres). Vraiment, le tableau que Daphné Du Maurier brosse de l’homme n’est réellement pas reluisant…
Une autre belle découverte donc, qui m’a complètement confortée dans mon idée de continuer à découvrir l’œuvre de Daphné Du Maurier. Maintenant, la question qui se pose, c’est de savoir lequel je vais lire !!! Avez-vous un conseil à me donner sur la question ?
L’avis de Lilly, d’Allie et de Karine :), qui en parlent bien mieux que moi (je pense avoir oublié des bloggeurs/bloggeuses mais n’hésitez pas à me le dire si c’est le cas !).