Pride and Prejudice (Orgueil et préjugés) - Jane Austen
Pride and Prejudice (Orgueil et préjugés) - Jane Austen
J’ai entrepris il y a quelques semaines de relire l’œuvre de Jane Austen et de faire des billets sur chacun de ses romans. Je sais, tout le monde l’a déjà fait… mais ce n’est pas grave. J’adore Jane Austen et je pourrais relire ses romans à l’infini, blog ou pas, j’y trouverai toujours quelque chose de neuf à y voir !
À mon grand regret (et je pense que beaucoup de lecteurs/-trices partagent mon avis), Jane Austen n'a écrit que 6 œuvres dites majeures dans sa vie : Pride and Prejudice, Sense and Sensibility, Persuasion, Northanger Abbey, Mansfield Park et Emma. À ces romans majeurs viennent s'ajouter quelques romans qui, pour être considérés comme mineurs, n'en sont pas moins excellents: Lady Susan, Sanditon (non achevé) et The Watsons (non achevé également). Enfin, ses écrits de jeunesse ont été rassemblés dans un même volume intitulé Juvenilia. J'en parlerai en temps voulu mais sachez que tous sont vraiment très bons! De pures merveilles! Il faut absolument les lire !
Pride and Prejudice, plus communément connu en français sous le nom Orgueil et préjugés, a été écrit entre 1796 et 1797 sous le titre First impressions (Premières impressions) mais n'a pas été publié tout de suite. En effet, il a été rejeté par l’éditeur, on ne sait trop pourquoi (comble de malchance, tous les brouillons ont été perdus – ça aurait été intéressant de lire cette première version). En 1811, soit quelques 15 ans plus tard, Jane Austen le remanie. Le roman sera finalement publié deux ans plus tard sous le titre que tout le monde connait.
Ce roman met en scène les tribulations d'une famille aux revenus corrects, bien que pas exorbitants, la famille Bennett, au début du XIXe siècle en Angleterre. Il y a donc Mr Bennett, toujours appelé ainsi par Mrs Bennett. Il est assez désabusé et pose un regard cynique sur sa famille et sur la société qui l'entoure. Il n’aime rien tant que sa fille Lizzie et lire, seul, dans sa bibliothèque. Mrs Bennet, quant à elle, est sotte et futile et n'a qu'une idée en tête: marier ses filles à de bons partis. Elle a un petit penchant pour Lydia, qui ressemble beaucoup à la jeune fille qu’elle était.
Le couple Bennett n’a pas eu la chance d’avoir de fils (ce qui se trouve être à l’origine de quelques uns des problèmes de la famille) mais a eu à la place cinq filles : Jane, Elizabeth (aka Lizzie), Mary, Catherine (aka Kitty) et Lydia.
Jane est l'aînée des filles Bennet. Belle comme un cœur et d'une douceur extraordinaire, elle est également d’une bonté incroyable et refuse de penser du mal des gens. Elizabeth, dite Lizzie, est d’un tout autre caractère. Vive et intelligente, elle n'a pas la langue dans sa poche et refuse de se laisser impressionner par le statut social de ses interlocuteurs. Elle aime beaucoup rire et adore sa sœur Jane, qui le lui rend bien !
Mary est la troisième fille. D'un physique un peu ingrat, elle ne montre pas non plus une intelligence hors du commun, même si elle se plait à le croire. Trop vieille pour suivre ses jeunes sœurs dans leurs idioties et pas assez pour entrer dans les confidences de Lizzie et Jane, elle est un peu le vilain petit canard de la famille.
Kitty et Lydia sont les deux dernières, Lydia étant la plus jeune et la préférée de sa mère, ce qui rend Kitty un peu jalouse. Lydia est le centre des attentions par ses frasques et Kitty ramasse les miettes de ce que lui laisse sa sœur, en quelque sorte. Elle lui en tient rigueur mais la suit quand même, voire la couvre si nécessaire. Toutes deux sottes et superficielles, elles n'aiment rien autant que rire et chercher à séduire les militaires.
Autour de ces personnages dits principaux évolue toute une panoplie de personnages secondaires hauts en couleurs, des Mr Collins parfaitement ridicules et obséquieux, des Charlotte Lucas parfaitement raisonnables et résignées, des Lady Catherine de Bourgh parfaitement détestables et détestées. Sans oublier la milice (que serait une bonne société sans militaires en habit? Je vous le demande!) et Mr Wickham, qui arrivent à point nommé pour corser toute l'affaire.
Au moment où commence le roman, Mrs Bennett vient d'apprendre que Netherfield, un domaine situé non loin de Longbourn, vient d'être loué, enfin. Et pas par n'importe qui! Par un certain Charles Bingley, un jeune homme bien sous tous rapports, et dont la principale qualité est de posséder 5000 livres de rente, ce qui fait aussitôt de lui le meilleur ami de cette chère Mrs Bennett (même s’il ne le sait pas encore). Le pauvre n’a même pas encore pris possession de sa demeure que Mrs Bennet se voit déjà en train de commander un trousseau pour une de ses filles !
La rencontre entre les personnes-clés de l'intrigue survient à l'occasion d'un bal, où Mr Bingley fait une entrée remarquée, flanqué de sa sœur, Caroline Bingley et de son ami, Mr Darcy (*soupirs*). Rapidement, Mr Darcy passe pour une personne hautaine et orgueilleuse, qui se juge au-dessus de la société. Alors que Bingley trouve aussitôt sa place à côté de la charmante Jane, visiblement sous le charme, et s’empresse de lui faire une court ouverte, Darcy ne daigne pas danser, déclarant qu'Elizabeth n'est pas assez jolie pour le tenter, lui. Pas de chance, ladite Elizabeth se trouvait à portée d'oreille. Fort blessée dans son orgueil par les paroles de Mr Darcy, notre jeune damoiselle décide aussitôt de le détester ouvertement. Voilà donc la réputation du gentleman faite. Alors que Bingley séduit tout le monde par ses manières (Jane la première), Darcy est détesté des habitants de Longbourn, qui espèrent bien qu'il ne restera pas trop longtemps en visite chez son ami et que les plaisirs de la Capitale le rappelleront bien vite.
Ce n'est là que le début des aventures de la famille Bennett. Les choses se corseront lorsque Darcy se rendra compte qu’Elizabeth est bien jolie, tout compte fait, et surtout, qu’elle a de la répartie, ce qui pique sa curiosité, mais qu’il fera l’erreur de s’immiscer dans les histoires de cœur de Bingley, ce qui ne fait pas l’affaire de Lizzie, qui aime tendrement sa sœur et souffre de la voir malheureuse… bon, je ne vais pas vous la faire version Dallas ou Côte Ouest…je vais m’arrêter là.
Les événements vont rapprocher et éloigner à plusieurs reprises nos différents protagonistes. On s'en doute, Jane et Bingley finiront par convoler, de même que Darcy et Elizabeth. Mais comme Jane Austen le déclare elle-même dans Becoming Jane, le film, ils devront traverser quelques péripéties avant de se voir accorder le droit d'être heureux. Les uns devront se débarrasser de leurs préjugés tandis que d'autres devront laisser tomber leur masque d'orgueil. Certains devront apprendre l'indépendance de l'esprit et certains autres arrêter de croire que tout le monde est toujours beau et gentil.
On s'accordera à dire que l'histoire est somme toute assez convenue et ne recèle rien d'original. Alors pourquoi un tel succès ? Pourquoi ai-je lu ce roman plusieurs fois, avec le même plaisir à chaque fois ?
Eh bien pour plein de choses. Pour les personnages d’abord. J’adore la répartie et l’humour dont fait preuve Lizzie tout au long du roman. Il n’y a qu’à lire la discussion entre Lizzie et Lady Catherine de Bourgh, vers la fin du roman, pour être conquis ! À chaque fois, je reste en admiration devant son sens de la répartie ! Pas une seule fois dans le roman elle se laisse démonter…. Impressionnant, non ? Je rêve d’être pareille.
J’aime aussi le roman pour la beauté de la langue du XIXe, pour les phrases si bien tournées. C’est une langue qui m’a toujours plu. Les mots sonnent beau à mes oreilles, ils sont plein de poésie. À l’ère du sms, en ces temps où la grammaire perd toute son importance, cela fait du bien de lire un texte bien écrit. J’aime tellement la langue anglaise….
Enfin, j’aime les romans de Jane Austen pour l’humour dont l’auteur fait preuve, pour le regard satirique qu’elle pose sur la société, pour les petites phrases, les petites vérités générales dont elle parsème ses romans. Je trouve impressionnant de voir le recul qu’elle avait sur la société dans laquelle elle vivait. Certaines remarques dans le roman laissent entrevoir une certaine tristesse. On sent qu’elle souffrait de cette vie dans laquelle elle était enfermée. Peut-on aller jusqu’à dire que ses romans étaient pour elle un moyen de défier la société, de la critiquer, d’échapper à sa vie ? Je ne sais pas. J’ai bien envie de dire que oui, mais je dois encore me pencher sur sa biographie pour le savoir vraiment…
Toujours est-il que sur ce ton plein d’humour qui est le sien, Jane Austen nous livre une véritable satire de la société bourgeoise du XIXe s. Dans cette société, les lois injustes font souvent du mariage (au-dessus de sa condition, si possible) une fin en soi et le seul moyen pour une femme d’échapper à la misère. Dans cette société, il est de bon ton pour une femme de ne s'occuper d'autre chose que de couture et de cuisine, de piano et de chant. Cette société apparaît misogyne, les femmes ne semblent pas avoir leur mot à dire. Et l’humour sarcastique qu’utilise Jane Austen pour décrire toute cette société est tout simplement irrésistible.
Et comment parler de ce que j’aime dans Pride and prejudice sans parler Mr Darcy (*soupirs*)… la romantique que je suis aime ce caractère sombre, ténébreux, à la limite du désagréable, qui cache au final une grande timidité et un cœur en or (du moins, c’est comme cela que je le vois). Alors certes, sa première demande en mariage est un désastre…. Mais elle a un côté initiatique, vous ne trouvez pas ? Elle est nécessaire pour que le personnage se penche sur lui-même et devienne vraiment accompli. Et ensuite, son dévouement à Elizabeth fait quand même envie… quelle femme n’aimerait pas être l’heureuse élue d’un gentleman pareil ??? Bref, mon côté fleur bleue aime que les histoires se finissent bien, mais pas trop facilement. Il faut bien des défis et des obstacles en quantité suffisante, pour que le prince charmant puisse montrer à sa dulcinée sa vraie personnalité. Bref, un happy end, un beau ténébreux au cœur tendre, une jeune femme forte et sûre d’elle…. Le tiercé gagnant pour moi !
Et pourtant, je dois reconnaître malgré tout, pour faire preuve d'une honnêteté sans faille, que je fais partie de celles qui pensent que les romans de Jane Austen ne sont pas des histoires romantiques, malgré tout et que c'est chaque lecteur qui y ajoute le romantisme qu'il veut.... ma relecture de ce roman me l'a confirmée, il n'y a pas tellement de scènes romantiques dans Orgueil et préjugés, quand on regarde bien...
Et vous, pour quelle raison aimez-vous Orgueil et préjugés ?
J’ajoute que pour celles qui lisent l'anglais, je ne peux que conseiller deux romans que j'ai lus récemment:
Mr Darcy's diary, d'Amada Grange. Comme son nom l'indique clairement, c'est le journal intime de Mr Darcy. Excellent, bien qu'un peu court...
La trilogie de Pamela Aiden, Fitzwilliam Darcy, Gentleman, qui se compose des titres suivants: An Assembly such as this, Duty and desire et These three remain. Le premier et le troisième volume sont des must have, le second est moins bien, je l’ai moins aimé.