Pour le meilleur et pour le pire… et pour l’éternité – Louisa May Alcott
Pour le meilleur et pour le pire… et pour l’éternité – Louisa May Alcott
(a long fatal love chase)
4è de couverture
Au siècle dernier, sur une petite île perdue au large de l’Angleterre, Rosamond Vivian, une jeune fille impétueuse et exaltée, s’éprend au premier regard du ténébreux Phillip Tempest. Cynique et blasé, il la conquiert sans peine et l’épouse. Il lui fait connaître une vie de plaisirs, jusqu’à ce qu’elle découvre la terrible face cachée de son pygmalion. Pour sauver son âme et sa raison, Rosamund n’a d’autre choix qu’une fuite éperdue vers un impossible refuge : elle a réveillé en Phillip Tempest son instinct de chasseur et il traquera cette proie convoitée à travers toute l’Europe. Il doit à tout prix la rattraper et la posséder… pour l’éternité.
Il faut l’avouer, ce fut une lecture extrêmement plaisante. J’aime vraiment beaucoup le style de la Louisa May Alcott inconnue. Voilà le troisième roman d’elle que je lis (si l’on excepte Little Women, que j’ai lu voilà bien longtemps, avant que Fashion ne me fasse découvrir, par son billet sur les thrillers inconnus de Louisa May Alcott, la face cachée de cette auteure). Après avoir découvert Secret de famille et Derrière le masque, voilà que je me suis attachée à lire Pour le meilleur et pour le pire… et pour l’éternité.
Il faut savoir que ce roman est resté longtemps inconnu. Qualifié de trop sensationnel pour les mœurs de l’époque (1866), il avait été refusé par l’éditeur et en conséquence, est resté dans un tiroir toutes ces années. Ce roman a été redécouvert il y a peu grâce à un fervent admirateur du travail de Louisa May Alcott. Pourquoi donc refuser ce roman, vous demandez-vous ? Eh bien, parce que Louisa May Alcott y aborde, à travers son personnage principal, la question de l’indépendance et de la sensualité des femmes, sujet encore tabou à l’époque. En bonne féministe qu’elle était, Louisa May Alcott ne s’était pas arrêtée à cela et avait écrit cette petite merveille. Malheureusement, son éditeur n’était pas du même avis qu’elle et lui a gentiment (bon, là, j’extrapole un peu) refusé la publication de ce feuilleton.
Tout d’abord, un mot du rythme. Comme je viens de le dire, ce roman était conçu à l’origine comme un feuilleton. On le sait, le plus difficile, quand on écrit un feuilleton, c’est de garder l’attention des lecteurs d’une semaine sur l’autre. Les auteurs devaient donc faire preuve d’une imagination débordante et trouver un moyen de fidéliser les lecteurs. Quoi de plus naturel que de terminer par des rebondissements et des questions en suspens ? Ainsi, le lecteur, piqué dans sa curiosité, attendait impatiemment la suite. C’est exactement ce qui se passe ici. Chaque chapitre se termine sur un nouveau rebondissement dans l’histoire, ce qui confère au roman un rythme effréné, à l’image de la course-poursuite qu’il raconte, et nous donne envie de savoir ce qui se passe ensuite. L’avantage que nous avons par rapport aux lecteurs de feuilletons du XIXè siècle, c’est que nous avons la chance d’avoir tous les chapitres réunis dans un seul et même volume, ce qui fait que nous sommes tout à fait libres de nous précipiter sur le chapitre suivant pour satisfaire notre curiosité et découvrir le fin mot de l’histoire. Je vous avoue sincèrement qu’à chaque fin de chapitre, je me disais « encore un, juste un » et qu’au final, j’ai terminé le roman en plein milieu de la nuit…
Passons maintenant aux personnages. Il faut reconnaître que le roman est extrêmement manichéen. Les méchants y sont très méchants et les gentils y sont vraiment gentils. Phillip Tempest est, de son propre aveu, sans scrupule et sans hésitation, il fait ce que bon lui semble sans se soucier de l’opinion des autres et si, pour arriver à ses fins, il est obligé d’en venir au meurtre, et bien qu’il en soit ainsi. Habitué à être obéi au doigt et à l’œil, il s’est entouré de serviteurs dont la fidélité est à toute épreuve et qui sont prêt à y aller de leur vie pour leur maître. Il sera bien entendu piqué au vif par l’indépendance et la hardiesse dont fait preuve Rosamond, qui, au début du roman, ne souhaite rien plus ardemment que vivre une vie de plaisirs (on peut donc comprendre que ces paroles, placées dans la bouche d’une jeune fille pure et innocente, aient pu choquer l’éditeur). Elle avoue même être prête à vendre son âme au diable pour une année de liberté. Elle ne se doutait pas qu’elle serait prise au mot par Phillip ! Rosamond est une jeune femme à la recherche des plaisirs de la vie mais dotée d’un sens moral assez aigu qui ne la quittera jamais, même dans les moments de désespoir les plus intenses. Elle a conscience de ce qui est bien et de ce qui est mal et c’est la raison pour laquelle, malgré son amour pour lui, elle fuit Tempest dès qu’elle apprend qui il est vraiment.
Pour le lecteur, ce couple semble dès le départ assez improbable. Outre les quinze années qui les séparent, on a vite fait de reconnaître le libertin chez Tempest et on s’imagine aisément que dès qu’il sera lassé de jouer avec elle, il se débarrassera de la jeune fille sans plus de considération que cela. Et bien non ! Le lecteur se trompe car au contraire, la jeune fille continue de le surprendre et de piquer sa curiosité, même après un an de mariage. Elle représente un défi pour lui et c’est la raison pour laquelle il la poursuivra sans fin, au bout du monde, jusqu’à ce qu’il atteigne son but, la posséder à jamais…
C’est un roman qui avait vraiment tout pour me plaire, dès le départ : une jeune fille innocente et forte tête, par un vil séducteur, une rébellion qui se termine par une chasse à l’homme (ou à la femme, devrais-je) à travers toute l’Europe, une période historique qui me passionne en ce moment… Et je n’ai pas été le moindrement déçue. J’ai réellement aimé ce roman et je continuerai à découvrir les autres romans de Louisa May Alcott avec plaisir !