La flèche rouge – Yves Viollier
Fierté des chemins de fer soviétiques, la Flèche rouge reliait Leningrad à Moscou. En cet hiver 1937, ils sont huit cents passagers à bord, dont Pierre, jeune mineur vendéen à qui son syndicat a offert ce voyage, et Maïa, élève du Kirov qui va danser pour la première fois au Bolchoï de Moscou. Il a dix-sept ans et aspire à s'installer un jour dans ce paradis communiste, elle en a seize et rêve de fuir ce régime qui a broyé sa famille et d'aller triompher sur les scènes d'Europe et d'Amérique. Ils ne se seraient jamais rencontrés si une terrible tempête de neige n'avait bloqué le train et ne les avait coupés du monde pendant plusieurs jours. Malgré le froid, la neige, les loups, la faim, la suspicion de leur entourage et les violences de l'Histoire, Pierre et Maïa vont s'aimer. Un puissant roman d'amour et un hymne à la pureté, au courage et à la force vitale de la jeunesse.
J’ai aimé ce roman, chers lecteurs, car il a touché quelque chose en moi. J’aime ce pays qu’est la Russie, même si je n’en connais pas grand-chose. Il me fascine et m’intrigue depuis que j’ai eu la chance de prendre des cours d’initiation au russe à la fac. Cette fascination ne m’a jamais quittée depuis et je ne résiste pas à un roman qui se passe en Russie, comme vous vous en rendrez compte quand je vous parlerai d’un autre roman qui m’a émue… Alors quand une amie m'a parlé de ce roman, je n’ai pas résisté et je l’ai emprunté à la bibliothèque (je l’aurais bien acheté, mais il est édité par une certaine maison d’édition avec laquelle je suis en froid depuis un certain salon du livre…). Et je l’ai aimé, ce roman. Oh oui, je l’ai aimé !
Il s’agit effectivement d’un roman d’amour entre deux adolescents. Mais je trouve que le résumé de l’éditeur ne lui fait pas justice car ce n’est pas QUE un roman d’amour entre deux adolescents. Ce roman est également un moyen pour l’auteur de nous emporter en Russie, de nous faire vivre le communisme russe tel qu’il avait été édicté par Staline avant la guerre de 39-45.
Dans ce roman, nous suivons les pas de Pierre, 17 ans, communiste comme son père (et parce que son père l’est). Il est mineur et depuis qu’il est tout jeune, son père le nourrit d’idéaux de bonheur sur le communisme, lui laissant à croire que la Russie est LE pays où il faut vivre pour être heureux, que le communisme est la solution à tous les maux. Alors quand son parti lui offre un voyage en Russie, avec d’autres membres des Jeunesses communistes, il ne pense qu’à son bonheur et à sa joie de découvrir enfin ce pays qu’il chérit tant de loin. Entre Leningrad et Moscou, lui et ses camarades doivent emprunter La Flèche rouge, qui fait la fierté de la Russie. Dans ce train, il y a aussi un corps de danseuses de ballet, qui doivent aller jouer Casse-noisette à Moscou, au Bolchoï, pour la première fois. Mais une tempête de neige bloque le train en pleine campagne. Pierre et Maïa vont se parler, se découvrir. Mais au-delà de deux jeunes qui découvrent l’amour ensemble, ce sont surtout deux cultures, deux idéaux différents qui se heurtent. Au contact de Maïa, Pierre va apprendre que le communisme en Russie est loin d’être ce que son père lui avait raconté. Que le peuple russe est loin d’être heureux, qu’il vit dans la peur permanente de ne pas se comporter comme le décrète Staline et d’être fusillé pour rébellion. L’armée est là, qui veille au grain, qui surveille les habitants de Moscou. Les gens marchent recoubés dans la rue en essayant de se faire aussi discrets que possible. La famine règne. Cette rencontre va changer sa vie, sa façon de voir les choses et va le faire mûrir, grandir, sur bien des plans. Il reviendra changé en France, meurtri par ce qu’il a vu et rejeté de ses amis parce qu’il rejette le communisme. Plus jamais il ne sera le même.
Ce roman est réellement émouvant et, comme tous les romans qui me touche profondément, j’ai du mal à lui faire justice dans mon commentaire. Il m'a transportée pendant quelques 200 pages dans un pays que je rêve de découvrir, dans un monde que je sais être difficile. Ce roman m'a vraiment touchée et je vais le garder longtemps en moi...
Il faut le lire, chers lecteurs ! Oh oui, il faut le lire !