Set in stone (De pierre et de cendre) – Linda Newberry
Lorsque Samuel Godwin, artiste naïf et facilement impressionnable, accepte d’enseigner le dessin aux deux filles du riche Ernest Farrow, il n’a pas idée de tous les secrets qu’il va découvrir. Très vite, Samuel se retrouve pris dans les vies de trois jeunes femmes. Charlotte Agnew, la gouvernante, Juliana, jeune femme réservée et Marianne, passionnée et volontaire qui intrigue beaucoup Samuel, jusqu’à l’obsession.
Mais les habitants ne sont pas les seuls à exercer une puissante attraction sur Samuel. La demeure, Fourwinds, renferme ses propres mystères et il ne faut pas longtemps à Samuel et à Charlotte pour en découvrir les horribles secrets…
Chers lecteurs, voici une lecture que j’ai grandement appréciée !! Ce livre est un vrai page turner, une fois qu’on se met dedans, on n’a tout simplement pas envie de s’en défaire ! La construction y est pour beaucoup, il faut le reconnaître, mais pas uniquement...
Mais ne nous emballons pas, commençons par le commencement
Quand le roman débute, nous sommes sur les traces de Samuel, qui s’en va enseigner le dessin aux deux filles d’un homme très riche, dans une superbe demeure perdue, loin de la ville. Arrivé à proximité de Fourwinds, ainsi que s’appelle cette magnifique demeure gothique, il croise une jeune fille, dont on apprendra très vite qu’il s’agit de Marianne, la cadette. Elle tient des propos dénués de sens sur un vent qui manque et qu’il faut remettre en place. Passablement décontenancé, Samuel s’apprête à emmener la jeune femme avec lui et l’informe de son identité. C’est alors que la jeune fille change totalement de comportement et, devenant d’un seul coup posée et raisonnable, lui annonce qu’elle est une de ses deux élèves. Marianne exerce déjà à ce moment-là une fascination sans nom sur Samuel. Arrivés à Fourwinds, il découvre une demeure gothique absolument splendide et fascinante, qui l’émerveille et l’intrigue aussitôt, notamment à cause du mystère des trois sculptures qui l’ornent… mais où est passée la quatrième ?
Très vite, il devient ami avec Charlotte, la gouvernante. Cette dernière est un personnage fascinant. Elle est totalement dévouée à la cause de ses deux protégées, elle essaie de faire tout ce qu’elle peut pour les rendre heureuses, malgré tout. Mais elle a aussi une vie en dehors de Fourwinds, qu’elle essaie de ne pas laisser transparaître. Ce qui intrigue d’autant plus le lecteur qu’il aimerait bien en savoir un peu plus… Petit à petit, à mesure que l’histoire avance, les secrets se dévoilent, les mystères s’estompent et il ne reste qu’une vérité crue, horrible et terrifiante.
Le roman suit donc l’histoire de deux points de vue, celui de Samuel, le jeune professeur de dessin, qui a quand même beaucoup de ressemblances avec le héros de La Dame en blanc, il faut bien le reconnaître, et celui de Charlotte, au sujet de laquelle Lilly et Lou ont très justement fait remarquer qu’elle faisait penser à Jane Eyre, ce qui n’est absolument pas faux du tout ! Donc les chapitres du point de vue de l’un alternent avec les chapitres du point de vue de l’autre à un rythme effréné, chacun se terminant sur un « cliffhanger » qui donne très envie de connaître la suite, le tout entrecoupé de courriers qui donnent quelques informations supplémentaires sur la vie des deux protagonistes en dehors de Fourwinds. Ces courriers rajoutent également du mystère car ils en disent juste assez pour qu’on sache qu’il se passe quelque chose, mais sans que l’on ne sache réellement ce qu’il se passe. Bref, le lecteur n’a qu’une envie : découvrir la suite.
Si le premier tiers fait grandement penser à La Dame en blanc, l’intrigue s’en détache assez vite. Plusieurs personnages se partagent le devant de la scène : le chevalier de ces dames, Samuel, jeune artiste en herbe, fasciné par la jeune Marianne. Marianne, qui semble être atteinte d’une maladie psychologique qui s’apparente à la folie, mais d’une beauté extraordinaire. Julianna, jeune femme très discrète, mélancolique et introvertie. Et Charlotte Agnew, la gouvernante, qui fait preuve d’une dévotion sans borne pour ses deux protégées. A ces personnages « vivants » s’ajoutent également Fourwinds et ses sculptures. Au nombre de quatre, ces sculptures représentent les quatre vents. Ce sont elles qui donnent leur nom à la demeure. A chaque versant correspond une sculpture à l’effigie d’un vent. Il y a le Vent du Nord, le Vent du Sud et le Vent de l’Est, mais il manque la sculpture du Vent de l’Ouest, ce qui perturbe beaucoup Marianne. Selon elle, la maison ne pourra retrouver la paix et la quiétude tant que la dernière sculpture ne sera pas en place. Mais quel est le mystère qui se cache derrière la disparition de cette sculpture ? On ne le sait pas. Du moins, pas tout de suite. Passionnant, n’est-ce pas ?
Dans ce roman, les murs tout comme les gens recèlent des mystères plus sombres les uns que les autres, et que Linda Newberry sait amener progressivement, jusqu’à ce que l’on se rende compte de l’horreur qui se cache derrière les apparences. L’ambiance gothique, l’importance de l’architecture dans le roman, la fascination qu’exerce la maison sur les personnages… tout cela m’a vraiment plu et j’ai aimé ce livre. Mais je me demande encore pourquoi j’ai dû aller chercher ce roman dans le rayon jeunesse, car il n’a rien d’un roman jeunesse, au contraire. Les thèmes abordés, même s’ils ne sont pas vraiment creusés comme ils auraient pu l’être, sont tout de même des thèmes assez graves et très sérieux. Et le roman d’inspiration victorienne, bien qu’il soit quand même moins tordu que les romans réellement victoriens, est quand même sombre par moment. Je ne l’aurais vraiment pas classé dans le rayon jeunesse, mais vous savez ce que l’on dit, les voix du libraire sont impénétrables…
Bref, en résumé, une lecture que j’ai vraiment beaucoup aimée. Certes, ce ne sera pas le coup de cœur qu’avait été La Dame en blanc l’an dernier, mais c’est un excellent roman, que je recommande à qui veut se plonger dans une intrigue victorienne. Il y a du suspense, du mystère, des secrets inavouables, une superbe demeure qui renferme bien des mystères, le tout avec le talent d’une auteure contemporaine… à mettre entre toutes les mains !