Les amants du Baïkal – Marie-Claude Gay

Publié le par Pimpi

Iekaterinbourg, mars 1917 - À une époque houleuse qui fait trembler la Russie des Tsars, où l'on pressent les signes avant-coureurs d'une révolution, aristocrates et bourgeoisie s'étourdissent dans des fêtes somptueuses. Lors d'un bal, Irina Obolinsky rencontre Vladimir Ivanoff. Le coup de foudre est immédiat. Trois mois plus tard, ils célèbrent leur mariage et partent en voyage de noces à bord du transsibérien pour un périple riche en péripéties qui les mènera jusqu'aux rives du mystérieux lac Baïkal, pays des chamans. A leur retour, un climat inquiétant règne à Saint-Pétersbourg et Moscou. Le peuple gronde. La classe aisée s'interroge. Dans la nuit du 17 juillet 1918, avertie de l'assassinat du tsar Nicolas II, la famille Ivanoff abandonne tous ses biens et fuit précipitamment. Débute alors un interminable et dangereux itinéraire marqué par d'indicibles souffrances où les fuyards ne seront pas épargnés. Irina, confrontée à des choix douloureux, parviendra en France où les méandres d’un destin singulier l’amèneront sur le bassin d'Arcachon, station balnéaire huppée. La jeune femme durement éprouvée, trouvera-t-elle enfin la paix qui adoucira sa peine ?
Histoire bouleversante, aussi dépaysante que fidèle dans sa restitution historique, Les amants du Baïkal renouent avec les charmes nostalgiques de la grande Russie, entraînant ses personnages vers d'inattendus rebondissements.

 

Je suis tombée sur ce livre tout à fait par hasard alors que j’étais sur le site du catalogue de la bibliothèque. Je cherchais des romans historiques sur la Russie et je suis tombée sur ce titre. Je me suis donc dit, ma foi, pourquoi ne pas essayer, l’histoire se passe exactement à la période qui m’intéresse et tout cela a l’air bien alléchant. Je l’ai donc emprunté à la bibliothèque et si j’ai globalement aimé l’histoire, je dois avouer une légère déception quand même sur la fin. Au début, pourtant, j’étais quand même très emballée (en fait, j’ai été super emballée jusqu’aux 50 dernières pages). Le début me plaisait beaucoup, j’aimais bien le style de l’auteur, qui est super abordable et surtout, surtout, ce qui m’a le plus plu, ce sont tous les petits détails de la vie quotidienne en Russie qu’elle nous donne, comme des explications sur les coutumes dans certaines régions, notamment dans le coin du lac Baïkal. J’ai appris, par exemple, que dans les maisons russes, il y avait une sorte de faux-plancher que les femmes remplissent de neige glacée l’hiver afin de mieux lutter contre la chaleur l’été. Intéressant, non ? Ou alors, j’ai appris comment sont traitées les peaux des animaux avant qu’elles ne soient transformées en cuir ou en vêtements (car la famille de Vladimir est propriétaire d’une usine de traitement des peaux et celle d’Irina de fabrication de vêtements). Bref, le livre regorge de petits détails de ce genre, tout à fait le genre de choses dont je suis très friande et qui font toute la différence pour moi. J’étais vraiment ravie et enchantée !

 

J’ai également bien aimé le couple Irina/Vladimir, même s’il est un peu sur le schéma classique à l’eau de rose de l’homme qui a du vécu et des connaissances, il est intelligent et beau et fait attention aux autres et de la jeune femme très jeune, gâtée par ses parents et qui découvre le monde et la vie avec son homme. Bien entendu, elle apprend très vite et devient aussitôt une femme digne de son homme… dit comme ça, je sais que ça ne semble pas forcément très intéressant, et je me demande encore pourquoi j’ai tellement accroché (mon âme de midinette sûrement), mais tout cela a vraiment bien fonctionné pour moi : l’histoire, les personnages, les paysages, le fond social… Je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai frôlé le coup de cœur, mais j’ai réellement aimé tout le contexte historique, la chute du tsar, la première guerre mondiale (car vous le savez, chers lecteurs, la Russie et surtout la Russie des tsars et ses derniers jours me fascinent – je pense d’ailleurs que c’est la seule et unique raison pour laquelle j’ai vraiment accroché, parce que ça se passait en Russie… je sais, il ne m’en faut pas beaucoup). Toute cette partie historique est présentée du point de vue de riches bourgeois, qui furent la cible de la révolte du prolétariat, les usines étaient prises en otage, les propriétaires malmenés et chassés, volés, etc. Bon nombres de Russes ont dû coudre les bijoux dans les ourlets des vêtements pour s’enfuir ensuite. Bref, cet aspect-là est assez bien décrit, bien qu’un peu superficiellement, et ça m’intéressait vraiment beaucoup. La fuite de Russie également est assez intéressante, la lutte pour trouver des passeports, des trains, bateaux, calèches pour quitter le pays au plus vite, les problèmes de maladie, la grippe espagnole qui a décimé les armées et la population. Le malheur s’est vraiment abattu sur beaucoup de gens à cette époque de troubles, des gens qui ont tout perdu, argent, famille, maison. Passionnant, non ? Bon, je dois reconnaître que parfois, certains passages auraient mérités des d’être approfondis et les réactions qu’avaient les personnages étaient souvent pas toujours crédible (du style, le jour où ils apprennent que le tsar a été assassiné, ils sont surpris, mais pas plus que cela alors que personne parmi les gens aisé n’avais envisagé qu’un tel régicide serait commis. Personne. Et là, ils croient tout de suite à la nouvelle, et ne sont pas si choqués que ça. Du moins, à leur place, moi, j’aurais été muette de stupeur et je n’aurais pas réagi aussi vite qu’eux…), les méchants ne sont pas siiiiii méchants que cela alors que bon, il faut bien le reconnaître, dans la réalité, certains sont quand même sans foi ni loi et commettent des atrocités bien pire (je n’en reviens pas… voilà que je critique un livre parce qu’il est trop rose… démon, sors de ce corps !). Mais bon, ce sont des détails et je passais outre car la culture russe qui y était décrite suffisait à me passionner.

 

Et puis voilà, après la fuite et les malheurs rencontrés par la famille, le périple touche à sa fin et ce qui restait de la famille arrive en France par le port de Marseille. Ils traversent le pays jusqu’à Arcachon et son bassin ostréicole. Et c’est là que tout part en vrille. D’un seul coup, tous les problèmes trouvent une solution à la vitesse de l’éclair et d’une manière pas du tout crédible. Les personnages refont leur vie d’une manière qui m’a un peu dérangée. Je n’ai pas pu me défaire d’une impression de bâclé, comme si l’auteur avait envie d’en finir avec cette histoire. Et du coup, les 50 dernières pages sont une suite de bonheurs sans nom, à la limite de l’eau de rose (et ce roman n’est absolument pas présenté comme un roman à l’eau de rose et ce n’est absolument pas ce que je cherchais). Je n’ai absolument rien contre les happy ends, ni contre les romans à l’eau de rose, chers lecteurs, vous le savez bien. Bien au contraire, il me faut mon happy end pour que je sois contente. Sauf que là, il arrive trop vite et trop facilement. Certes, la famille Ivanoff a eu son compte de souffrances, mais dans la vraie vie, rien ne se résout aussi facilement, surtout pas en temps de guerre ou d’après-guerre, dans un pays qui a beaucoup souffert et surtout pas dans un roman un tant soit peu réaliste. J’étais contente que tout finisse par s’arranger car ils sont gentils, les Ivanoff, mais la manière dont ça s’est arrangé m’a gênée. Donc, je suis un peu déçue. Après avoir accroché pendant 300 pages, être déçue par la fin, c’est intolérable, ne trouvez-vous pas, chers lecteurs ? Car voyez-vous, j’attendais un livre aussi enlevant que l’avaient été pour moi Tatiana, de Paullina Simmons, ou la saga Les Semailles et les Moissons, d’Henri Troyat, qui resteront des coups de cœur à vie et que j’ai lu des dizaines de fois. Mais non, pas cette fois. Ce roman ne restera ni dans ma tête ni dans mon cœur… dommage. Je déteste être déçue par la fin d’un roman. Vraiment. Surtout quand j’ai autant aimé le début. Du coup, je suis repartie lire Janet, une valeur sûre et de la chick lit qui s’assume… au moins, je sais ce que je lis !

Publié dans Autour de la Russie...

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