Something Rotten (Sauvez hamlet) – Fasper Fforde
Retour à Swindon, dans le Monde Extérieur, pour la célèbre détective littéraire Thursday Next désireuse d'offrir à son fils, Friday, une vie paisible... Le vœu pieu dans toute sa splendeur ! D'abord, elle n'aurait jamais dû accepter d'embarquer Hamlet dans la réalité. Rongé par ses états d'âme et tellement soucieux de savoir ce que les gens pensent de lui - rapport à son incapacité notoire à prendre des décisions -, il s'incruste chez les Next, flirte avec lady Hamilton, pendant qu'en son absence Ophélie fomente une révolution dans la pièce éponyme de Shakespeare. En fait de vie calme, Thursday aura à peine quelques jours pour régler le problème Hamlet, récupérer Landen, son mari éradiqué par Goliath, et empêcher le redoutable Yorrick Kaine, personnage sans scrupule, de déclencher un cataclysme planétaire. Sans parler d'un mystérieux tueur à gages lancé à ses trousses, d'un saint du XIIIe siècle aux manières douteuses ; et d'un match de croquet censé décider du sort de l'humanité... Sauver le monde ? Pas de problème, Thursday a l'habitude... mais qui va garder Friday ?
Voici donc le quatrième opus dans la célèbre série des Thursday Next. Une série qu’il faut absolument lire en anglais si l’on peut car elle recèle des trésors en matière de jeux de mots sur l’anglais. Et elle recèle également une quantité incroyable de références à la littérature anglaise classique. C’est d’ailleurs une des raisons principales que font que j’aime cette série. L’intrigue des romans est clairement dénonciatrice de la société de consommation actuelle, même moi je suis capable de le voir, mais bien qu'elle soit extrêmement intéressante, ce n’est pas ce qui me plait le plus dans cette série, non, ce qui me plait le plus, c’est la culture littéraire qu’elle met en scène, le mélange entre les livres et la vie, la frontière inexistante entre les mondes imaginés et le monde soi-disant réel (c'est tellement comme ça dans ma vie à moi!!). C’est le fait que des personnages que j’ai aimés, adorés, voire vénérés, puissent faire leur apparition comme ça, dans un contexte différent, avoir une vie propre, j'adore ça. J’aime aussi les idées de lecture qu’elle me donne. Je me rends compte que mes lacunes sont importantes en matière de littérature classique anglaise et cette série ravive mes envies de repartir sur les classiques (il me semble que j’ai légèrement délaissé mon challenge ces derniers temps, vous ne trouvez pas ?). Bref, c’est pour tout ça que j’aime Thursday Next.
Alors, dans ce quatrième opus, Thursday a décidé qu’elle en avait assez de vivre dans les livres. Non seulement elle voudrait bien offrir une vie un peu plus stable à son fils, qui a deux ans (il faut savoir que le roman reprend environ deux ans et demi après la fin du Puits des histoires perdues), mais en plus, elle aimerait bien ENFIN récupérer son mari. Sauf que voilà, suite à un petit problème, elle est obligée de revenir à Swindon accompagnée d’Hamlet. Là, peu de temps après son retour, elle apprend qu’une loi vient d’être votée par les dirigeants (donc par la Goliath Corporation) qui désigne les Danois comme l’ennemi public numéro 1. Thursday se voit donc obligée, contrainte et forcée, de diriger une équipe chargé de retrouver tous les livres danois et de les brûler (oui, oui, vous avez bien lu… vous vous doutez bien, chers lecteurs, que ce n’est pas DU TOUT dans ses intentions d’obéir à cette loi ! Et en matière de non respect des lois, elle est très forte, notre Thursday !). Pour couronner le tout, son père lui annonce la fin du monde si l’équipe de croquet de Swindon ne gagne pas le match le samedi suivant. Bref, une journée normale pour Thursday, si ce n’est qu’elle n’arrive pas à trouver de nounou pour son fils (un fils qui ne s’exprime qu’en Lorem Ipsum, vous savez, cet espèce de latin qui est utilisé par les éditeurs/journalistes/etc. pour donner une idée de ce à quoi le texte final va ressembler…). En fait, c’est ça, son plus gros problème : trouver une nounou !
Cet opus est vraiment excellent. Ma dernière lecture d’Hamlet remonte à bien longtemps, donc il y a sûrement des références que j’ai loupées, mais j’en ai repéré un certain nombre qui m’ont bien fait rire et l’indécision permanente d’Hamlet est vraiment drôle.
En vrac, quelques unes des touches d’humour de cet opus : le fait que Thursday déclare avoir fait partie d’un groupe de recherche qui a résolu le Mystère d’Edwin Drood, le fait que Max de Winter fasse l’objet d’un procès pour fraude à l’assurance à cause de son bateau, une salle de vente aux enchères qui s’appelle Agatha’s Auction House. Ajoutons à cela quelques scènes cocasses comme seul Jasper Fforde sait les écrire, dont je ne vous dévoilerais rien pour vous laisser le plaisir de les découvrir et vous avez un cocktail des plus détonants et vraiment très très réussi ! Et la partie de croquet à la fin… du grand art !!
Comme tout le monde (du moins, comme beaucoup de lecteurs), le troisième opus m’avait laissée un peu sur ma faim, il était complètement déjanté et assez loin des deux premiers volumes, j'avais moyennement aimé mais ce quatrième opus revient dans la tradition des premiers, ce qui est parfait, pour ma part… Une lecture, chers lecteurs, que j’ai vraiment vraiment vraiment adoré !!!
Et puis, la fin réserve une petite surprise qui m’a toute émue… mais chut, il ne faut pas le dire…