Le joueur d’échec – Stefan Zweig
Qui est cet inconnu capable d’en montrer au grand Czentovic, le champion du monde des échecs, véritable prodige aussi fruste qu’antipathique ? Peut-on croire, comme il l’affirme, qu’il n’a pas joué depuis plus de vingt ans ? Les circonstances dans lesquelles l’homme acquit cette science sont terribles. Elles nous renvoient aux expérimentations nazies sur les effets de l’isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, entre deux interrogatoires, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges. Une fable inquiétante, fantastique, qui « pourrait servir d’illustration à la charmante époque que nous vivons. »
Étant donné que j’avais terminé la lecture de La Fille du Capitaine plus rapidement que prévu, j’étais à la recherche d’un autre roman court à lire. J’avais prévu de lire La Confusion des sentiments dans le cadre du Challenge ABC Classique, mais au final, j’ai changé d’avis et j’ai pris Le Joueur d’échec lors de ma dernière virée dans une librairie (la raison principale étant que les échecs sont un jeu qui me fascine, mais également parce que tout le monde en a dit tellement de bien que j’ai fini par craquer).
Le Joueur d’échec, d’après mes renseignements, est la toute dernière nouvelle écrite par Stefan Zweig. Ce fut ma première rencontre avec lui. Et une rencontre particulièrement réussie, chers lecteurs ! J’ai vraiment beaucoup aimé cette nouvelle !
L’histoire tourne principalement autour de deux personnages. D’un côté le maître des échecs, un homme qui cache son manque d’instruction sous des airs supérieurs, un homme parfaitement désagréable, il faut bien le reconnaître et le fait qu’il ait eu des problèmes étant enfant n’est pas une excuse. De l’autre côté, M. B., un homme mystérieux qui semble doué aux échecs, très très doué, mais qui jure ne pas avoir joué depuis plus de 20 ans. Et c’est après une partie remportée haut la main par M. B. contre Czentovic que nous apprenons dans quelles circonstances cet homme a appris à jouer aussi bien. Et en dévoilant son passé, ce sont les horreurs de la guerre et des interrogatoires qu’il nous dévoile. Des révélations bouleversantes…
Cette nouvelle est très courte. Une heure ou deux m’ont donc largement suffi pour la lire. Et malgré le petit nombre de pages, je me suis tout de suite sentie embarquée dans l’histoire, la narration. Dès les premières lignes, à vrai dire, je me suis sentie comme happée dans les pages du roman et d’un seul coup, sans m’en rendre compte, j’étais moi-même sur le pont du bateau à regarder les passagers monter, j’étais dans le salon et j’assistais à la partie d’échec, j’étais dans la cellule et je devenais folle moi aussi… c’est incroyable, le pouvoir évocateur de la plume de Zweig ! Et pourtant, je ne suis pas du genre à lire beaucoup de nouvelles, justement parce que c’est trop court, je n’ai pas le temps de m’investir dans l’histoire, de me laisser envelopper dans l’ambiance, de m’attacher aux personnages. Mais là, en deux coups de cuillère à pot, Stefan Zweig nous emporte avec lui dans le monde qu’il a créé et on dévore les pages avec avidité, avec l’envie d’en savoir plus. Je dois le reconnaître, c’est un maître et si tous ses romans sont aussi bien que celui-ci, nul doute que je vais aimer !! Peut-être que je vais quand même lire La Confusion des sentiments et 24 heures de la vie d’une femme, tout compte fait !!!
Ce roman a été lu dans le cadre de mon Challenge ABC Classique 2009.