Northanger Abbey – Jane Austen
Voilà donc le dernier des romans dits majeurs qu’il me restait à lire avant de me plonger dans Lost In Austen (le livre, hein, pas la série !). Il me reste maintenant The Watsons et Sanditon à lire et Lady Susan à chroniquer et j’aurais fait le tour des romans de Jane. Viendra ensuite le temps de parler des films, ce qui est toujours plus difficile pour moi…
Northanger Abbey, comme vous le savez certainement, chers lecteurs, fut le premier roman écrit par Jane Austen, dans les années 1798-1799. Selon certaines sources, elle aurait écrit ce roman principalement pour divertir sa famille, ce qui, au vu du ton très divertissant et très humoristique qu’elle y emploie, me semble très plausible (après, je dis ça, je n’ai pas encore lu sa biographie !). Le roman fut ensuite vendu quelques années plus tard, mais il faut croire que l’éditeur n’avait pas conscience de ce qu’il avait entre les mains, car il ne l’a jamais publié !! His loss ! Finalement, après quelques péripéties, le roman fut publié à titre posthume, en 1818, par la famille de Jane Austen.
De quoi est-il question dans ce court roman (je dis ça car je pense que ça doit être un des plus courts ! Dans mon édition, il ne fait que 180 pages…) ? Des aventures d’une jeune femme, dont on nous dit qu’elle a tout d’une héroïne. Les premières pages du roman sont donc consacrées à nous présenter l’héroïne dont nous allons suivre les aventures durant les quelques 200 pages à venir. Enfant plus intéressée par se rouler dans l’herbe que par les poupées et plus enthousiasmée par les jeux de plein air que par l’apprentissage de l’histoire, bref, plus garçon manquée que jeune fille, Catherine Morland devient, à l’âge de l’adolescence, une jeune femme charmante, naïve, très imaginative. Et comme toute bonne héroïne qui se respecte, elle est également influençable, d’une nature très agréable et très facile à vivre et plutôt franche.
La manière dont Jane Austen choisit de présenter son personnage principal au début du roman pose le ton. Le lecteur ne peut s’y méprendre, il a affaire à un roman satirique et humoristique, véritable parodie des romans gothiques très en vogue à l’époque. Les personnages sont caricaturaux, le plus caricatural étant peut-être, à mon sens Catherine, qui vit à moitié dans son fantasme littéraire et s’attend à ce que sa vie soit semblable à un roman. Bien entendu, les personnages secondaires sont comme toujours très drôles (je pense notamment à Mr et Mrs Allen).
Mais reprenons.
Les aventures de Catherine commencent lorsque son oncle, Mr Allen, et sa femme, lui proposent de venir passer quelques semaines à Bath avec eux. Enthousiaste à l’idée de mener enfin la vie trépidante qu’elle attend, la jeune fille accepte aussitôt et empaquète ses affaires vite fait, bien fait. Là-bas, après deux ou trois jours à se pavaner dans les différents salons et théâtres qu’ils fréquentent, elle fait la connaissance d’Henry Tilney, puis d’Isabella et de John Thorpe. Autant Henry Tilney apparaît dès le début comme un homme posé et sensé, vif d’esprit et plein d’humour, autant Isabella et John Thorpe sont aussitôt présentés comme des personnes superficielles, excessives dans tout ce qu’elles font et très manipulatrices, sans parler de leur obsession pour l’argent, qui sera plus tard dans l’histoire la source de certains quiproquos dont je ne vous parlerais point. Ces deux amitiés qui se nouent, d’une part avec la famille Thorpe en la personne d’Isabelle et de John et d’autre part avec la famille Tilney en la personne de Henry, de sa sœur, Eleanor, seront pour notre héroïne source de quelques émotions, dont je ne vous parlerai point non plus.
Catherine est une très grande lectrice de romans gothiques tels que ceux écrits par Mrs Radcliffe, une passion qu’elle partage en cela, non seulement avec Isabella, mais également avec Henry Tilney, comme elle l’apprendra plus tard à ses dépends. En conséquence de cette passion, Catherine ne rêve que de couloirs sombres et de cadavres dans les placards et tout au long du livre, elle passe une partie de son temps à laisser courir son imagination et à imaginer des scénarios dignes des livres les plus effrayants, jusqu’à ce qu’un jour… mais chuuuut, de cela non plus, je ne vous parlerai point.
Enfin plus tard, bien plus tard dans l’intrigue, lorsque tomberont enfin les masques et que les personnalités se dévoileront, il sera temps pour Catherine d’ouvrir les yeux et d’abandonner ses fantasmes d’héroïne pour remettre les pieds sur Terre et réaliser que la vie, ce n’est pas un roman. Quoique…
Un résumé qui n’en est pas un, chers lecteurs, mais il faut dire que le livre est court et qu’il s’y passe beaucoup de choses. En faire un résumé équivaudrait à vous dévoiler l’intégralité du roman, ce que je n’ai pas l’intention de faire, car c’est sûrement l’un des romans les plus drôles de Jane Austen (même si, avec Emma, c’est un de ceux que j’aime le moins, ce qui montre à quel point j’aime les autres) et il serait vraiment dommage que vous ne le découvriez pas par vous-même.
Je vais donc déroger à mon habitude d’écrire des tartines, chers lecteurs, et vous épargner pour une fois (ne me remerciez pas, c’est normal). Je vais me contenter de vous dire qu’il faut ABSOLUMENT le lire, car ce livre est une comédie de mœurs hilarante du début à la fin. Il est raconté sur un ton que l’on a peu vu chez Jane Austen et qui me fait plus penser à Juvenilia qu’à Pride and Prejudice (bien que lui-même extrêmement drôle, nous en conviendrons tous et toutes). Je n’ai pas pu m’empêcher de le lire avec un sourire en permanence accroché au visage !
Northanger Abbey
Jane Austen
Dover Thrift Editions, 180 pages