La colline aux gentianes – Elizabeth Goudge
Retirée dans un petit village de l'ouest de l'Angleterre, Zachary, déserteur de quinze ans qui ne supporte plus l'horreur de la vie à bord, tente d'oublier ses peurs - et de se faire oublier. C'est sur la " Colline aux Gentianes ", butte surmontée d'une chapelle au-dessus du port de Torquay, où les marins ont l'habitude d'aller en pèlerinage, que le garçon rencontrera la petite Stella, douze ans, fille adoptive d'un couple de paysans. Tous deux rêvent d'une autre vie et d'autres contrées. Sur fond de guerres napoléoniennes, l'auteur se fait ici le chantre des âmes en peine, des exclus, et nous suggère en douceur que la vie est ailleurs.
La Colline aux Gentianes est l'un des plus grands romans d'Elizabeth Goudge et se situe dans le droit fil des Hauts de Hurlevent.
Chers lecteurs, j’ai l’impression d’être en veine côté lectures en ce moment ! Voici plusieurs livres que je lis qui m’enchantent réellement et celui-ci est à ajouter aux précédents !
Voilà quelques temps que je voulais découvrir Elizabeth Goudge (c’est Lilly, d’ailleurs, qui m’en a donné envie, comme pour beaucoup de livres que j’ai dans ma PAL…). C’est chose faite désormais, grâce à notre bloggeuse préférée (souvenez-vous, c’est Fashion qui m’a offert ce livre !!!).
Bon, le livre…
Ce roman est une pure merveille. Un concentré de bonheur, de positivisme, une ode à la vie et à ses joies, surtout les plus simples. Jamais encore je n’avais lu de roman comme cela. Un style merveilleusement poétique qui parvient à nous faire trouver du beau même dans la fumée des canons. Un roman bucolique pour une grande part, qui vante les mérites de la vie dans la nature, les joies que peut nous apporter un simple pommier, une colline, une fermette dans la campagne anglaise… Je vous jure qu’en lisant ce livre, je me suis prise à rêver de tout abandonner, la technologie, la civilisation, le confort matériel, pour aller me blottir dans la paille et me promener dans les champs, loin de toute l’excitation des villes… Ce livre… ce livre m’a réellement emportée dans un autre monde, un monde où les priorités ne sont plus les mêmes. Un monde où l’on sait savourer les petites joies de la vie…
De quoi est-il question dans ce roman, vous demandez-vous (attention, risque de spoil).
L’histoire se passe en Angleterre, au début du XIXè siècle. Les guerres napoléoniennes font rage et pour le peuple anglais, les français sont les méchants. Tous ont peur de Boney, qui se trouve être le diminutif dont les Anglais avaient affublé Napoléon… Cette peur des Français revient d’ailleurs assez souvent dans le livre, c’est intéressant de voir comment le peuple anglais considérait son ennemi de toujours à l’époque.
Le roman tourne autour de plusieurs personnages, dont deux principaux : Stella et Zacharie.
Stella Sprigg est une petite fille, voire une jeune fille, d’une douzaine d’années. Elle est la fille (adoptive, comme on l’apprend très vite) de Papa et Maman Sprigg, un couple de fermiers d’un certain âge. Ils ont adopté la petite fille suite à une catastrophe maritime qui avait tué la mère de Stella tout en préservant la petite fille. Papa Sprigg, qui était là pour aider à sauver les survivants, a ramené la petite chez lui (elle avait environ deux ans à l’époque) et comme aucun parent ne s’était présenté pour la demander, et que personne ne connaissait son identité, ils décidèrent de l’adopter et de l’aimer comme leur fille. De la vraie mère de Stella, il ne lui reste qu’un médaillon et un hochet. Stella est une petite fille curieuse, très curieuse, avide d’érudition et assoiffée de découverte. Elle est fondamentalement bonne et honnête. Elle aime par-dessus tout la nature et les animaux et l’injustice la fait souffrir jusqu’au plus profond d’elle-même. Elle est prête à tout pour aider son prochain…
Zachary est un déserteur. Noble de naissance, il s’appelle en fait Anthony Louis Marie O’Connell. D’origine anglaise par son père et française par sa mère, il a été « enrôlé » sur le navire de son oncle, le frère de son père décédé, en tant que midship. Il a environ 15 ans. Il n’a pas pu supporter longtemps les horreurs de la guerre et les traitements qu’il subissait sur le navire, où une discipline de fer régnait. Alors une nuit, quand il a décidé qu’il ne pouvait plus le supporter, il a profité d’une escale de son navire dans un port pour sauter à la mer et s’enfuir… Il erre alors dans la campagne anglaise, en essayant de se faire discret. Jusqu’au jour où il tombe sur la fermette Sprigg. Ce fut pour lui une révélation. À la nuit tombée, Stella découvre sa présence et lui apporte de quoi se sustenter… la rencontre entre les deux jeunes gens changera définitivement et considérablement leur manière d’aborder la vie, à tous les deux…
Plus tard dans le roman entreront en scène deux autres personnages qui a leur tour auront leur importance dans le récit : Charles de Colbert, un aristocrate français (on le devine à son nom) qui, après avoir perdu tous ses biens et toute sa famille dans des circonstances tragiques, décide de se couper du monde et devient ermite.
Il y a aussi Mrs Loraine, qui offrira à Stella ce qu’elle n’a pas eu la possibilité d’avoir chez Papa et Maman Sprigg….
En fait, durant les deux premières parties de ce roman, il ne se passe pas vraiment grand-chose. On a l’impression que l’histoire sert de support à la poésie d’Elizabeth Goudge, de matière pour décrire les beautés de la nature, des étoiles, de certains caractères. Tout est présenté de manière merveilleusement belle, le roman foisonne d’adjectifs laudatifs et de descriptions détaillées qui nous donnent l’impression d’être là, dans un coin de la pièce, sur une branche d’un arbre, dans la grange… C’est vraiment très beau ! C’est plus ou moins comme cela pendant les deux premières parties du livre, soit les trois quarts. Puis, il y a la troisième partie. Cette troisième partie, chers lecteurs, est complètement différentes du reste du roman. On a comme l’impression que tout le début du roman a surtout servi à amener à cette dernière partie. Le dernier quart du libre est plutôt sombre. Des beautés de la campagne, on passe dans les prisons insalubres de Londres. De la douceur des fermiers, on passe à la brutalité des rixes de rue. On découvre la noirceur des rues, des âmes, des cœurs. Dans cette troisième partie, les adjectifs laudatifs ne sont plus si présents, plus si foisonnants. Et pourtant, chers lecteurs, c’est cette troisième partie qui a achevé de faire de ce roman que j’aimais jusque là, un coup de cœur. Un vrai coup de cœur !!!! Parce qu’elle vient apporter cette part de noirceur qu’on ne peut ignorer, parce qu’un monde, même dans les livres, n’est jamais tout rose et parce que cela donne aux personnages principaux la possibilité de se surpasser eux-mêmes, de se découvrir des talents cachés et de surmonter leurs angoisses. Parce que malgré tout, il en faut, de la noirceur, pour rehausser le bien. Parce que la campagne, la vie tranquille, paraissent d’autant plus belles et attirantes une fois qu’on a goûté à la vie londonienne. Vraiment, cette troisième partie est belle, vraiment belle !!!
Il y a juste une chose qui m’a chiffonné durant la première moitié du roman, mais je pense que c’est un problème de traduction… la traductrice a une tendance nettement prononcée à placer les adjectifs avant le nom. Je sais, je sais, je ne devrais pas me focaliser sur ce genre de détail, c’est sûrement une licence poétique destinée à renforcer la beauté du style, mais que voulez-vous… déformation professionnelle, c’est le genre de détail qui me perturbe beaucoup. Donc, en l’occurrence, malgré tout l’enthousiasme que suscitait ce livre en moi, je ne pouvais m’empêcher de lever les yeux au ciel quand je tombais sur une occurrence de l’adjectif avant le nom….
Je dirais bien aussi (et là encore, cela ne concerne que la première moitié du roman) qu’à mon goût, la religion et les bienfaits de Dieu sont un peu trop présents. Ah, et le livre a aussi un tout petit peu trop tendance à encenser le peuple anglais (et ce malgré tout l’amour que je porte aux Britanniques) au détriment des autres, notamment des français. Voilà, ce sont les seuls reproches que je peux faire à ce roman.
Hormis ce petit détail, qui est vraiment minime, chers lecteurs, je savoure cette lecture, je m’échappe dans un univers bucolique qui m’enchante, je vis littéralement dans cette Angleterre datant de deux siècles… et j’adore ce livre…
En résumé, chers lecteurs, ce fut une très, très belle découverte que ce roman, dont je remercie sincèrement Fashion… et je n’hésiterais pas à continuer ma découverte de Mrs Goudge en empruntant les autres romans à la bibliothèque (en anglais, si je peux…), parce qu’à mon grand désarroi, ses romans ne sont pas trouvables ici, au Québec !!!
La Colline aux gentianes (Gentian Hill)
Elizabeth Goudge
Traduit de l’anglais par Yvonne Gibaut
Edition Phébus libretto
412 pages
4,5/5