Angélique, Marquise des Anges - Anne et Serge Golon
"Il se peut que nous soyons des gueux, dit Angélique à voix très haute et très distinctement, mais nous ou moins, nous ne cherchons pas à empoisonner le roi !" Les rires moururent sur les visages et un silence pesant tomba... On regardait Angélique avec stupeur."
Ce jour-là, le destin d'Angélique est scellé. Certes, son jeune âge l'empêche encore de comprendre les rouages qui régissent le monde, mais Fouquet voit déjà en elle un réel danger et finit par la frapper dans ce qu'elle a de plus cher : son époux, le comte Joffrey de Peyrac. Celui-là même auquel elle a fini par céder, malgré sa méfiance initiale, et dont l'extrême raffinement a suffi pour la séduire. Aussi, quand on arrête Joffrey pour sorcellerie, c'est comme si tout s'effondrait autour d'elle. Car entre eux, il n'est de sortilèges que d'amour...
Il est des livres, chers lecteurs, dont on se demande pourquoi on ne les a pas lus avant. C’est exactement ce qui s’est passé avec Angélique. Ce fut une révélation, un coup de cœur. Un gros, gros coup de cœur.
Est-il encore besoin de présenter la belle Marquise des Anges, après tout le foin que j’ai fait sur cet humble blog la semaine passée ? Non, hein… mais parce que je vous aime bien, je vais quand même vous en dire deux mots…
Il était une fois, dans le Poitou, une petite fille qui aimait jouer dans la nature. Presque sauvageonne, elle avait des rêves d’aventures et d’Amériques. Elle courait dans les bois pieds nus et planifiait des expéditions pour partir dans le Nouveau Monde avec toute sa bande de copains. Un beau jour, cette petite, dont le nom, Angélique, a été choisi en hommage à la plante qui pousse dans les marais, après une chicane avec son cousin, le fils du Marquis de Plessis-Bellière, se réfugie dans une pièce du château de son oncle, où elle surprend un complot visant à assassiner le roi. Et parce qu’elle a de la ressource, la jeune Angélique réussit non seulement à déjouer le complot, mais aussi à obtenir quelques avantages à son père en échange de son silence (franchement, c’est pas mal, à 12 ans !). Peu après, son père l’envoie parfaire (ou faire, au choix) son éducation au couvent, d’où elle ne ressortira que quelques années plus tard, pour épouser un parfait inconnu, vieux de surcroit, et que l’on dit laid et boiteux (quelle perspective), le comte Joffrey de Peyrac (*soupirs*). Bien que fermement décidée à ne pas se laisser faire et à ne pas céder, la jeune femme finit pourtant par succomber aux charmes de son mari (qui sont multiples, il faut bien le reconnaître) et tomber follement amoureuse de lui. Mais une épée de Damoclès est suspendue sur leurs têtes, n’attendant que son heure pour frapper et détruire à jamais le bonheur d’Angélique…
Ce roman rassemble tout ce que je peux chercher dans un livre :
C’est d’abord et avant tout un roman historique très complet, extrêmement bien documenté et qui a fait l’objet de recherches assez exhaustives, au vu de la quantité de détails véridiques qu’il contient, tant sur la vie des bourgeois dans les campagne que sur la vie à la cour, sur les avancées de la physiques et les croyances d’un autre âge de l’église, résolument anti-progrès. Toutes les démonstrations que fait Joffrey pour expliquer en quoi consistent ses travaux et recherches, comment il parvient à extraire l’or des minerais, les détails sur les taxes et le commerce à l’époque, tout ce la a dû demander beaucoup de recherches de la part des auteurs…Je vous ai déjà dit que j’adorais cette période de l’histoire de France, l’ancien régime, les Bourbons et leurs complots pour s’entre-assassiner, leurs magouilles sans fin pour s’emparer du pouvoir, Louis XIV, Anne d’Autriche et Mazarin… du coup, avec Angélique, je suis vraiment servie !
Mais c’est aussi un roman d’aventure, avec les histoires de voyage en Amérique (rappelez-vous, c’est à cette époque que beaucoup de français partaient s’installer dans le Nouveau-Monde), des histoires d’enlèvements, de procès, de meurtres.
Et c’est une belle histoire d’amour, entre une héroïne belle et fière, courageuse et un homme aventurier et séducteur qui sait jouer de ses talents. Et pourtant, elle n’est pas si rose bonbon que je l’aurais cru avant de lire le roman (ce qui explique la révélation… un coup de cœur, je vous dis !!!). Le bonheur d’Angélique avec Joffrey est de courte durée (bon, quelques années quand même, mais rapporté à la taille du roman, elle fait quoi… 300 pages ?), et elle doit se battre pour sauver son mari. Bien sûr, il y a des moments très très guimauve, mais on n’est pas dans un Harlequin non plus.
Et Joffrey… Joffrey… un homme comme on les aime. Doué, savant, curieux, aventurier, beau, si on regarde son bon profil, grand… il a de nombreuses qualités dont il sait jouer. Il a de l’humour et manie parfaitement l’autodérision. Séducteur, parce que grand connaisseur des femmes, il n’en est pas moins follement amoureux d’Angélique et la déclaration d’amour qu’il lui fait (juste avant la citation qui fait soupirer de béatitude Caroline) est tout simplement renversante. Un sexy man avant la lettre, chers lecteurs !!!
Attention, spoilers
Et heureusement que je sais qu’il va revenir, parce que là, je vous le dis, c’est vraiment pas juste ! Je suis par contre curieuse de savoir par quelle entourloupe il va revenir, vu qu’on ne nous dit absolument rien de ce qu’il se passe de son côté pendant le procès !!! Je meurs de curiosité !!!
Fin des spoilers
Avec toutes ces qualités, Angélique ne pouvait être qu’une révélation et un énorme coup de cœur pour moi. Il rassemble exactement tout ce que j’aime !! (Je sais, je me répète, mais je suis troublée, vous le voyez bien… une vraie midinette !)
Bien entendu, puisque j’ai acheté les films, j’ai regardé le premier, Angélique, marquise des Anges. Je ne vais pas en faire un commentaire ici, parce qu’il ne supporte pas la comparaison avec le livre. Je pense que si l’on commence par les films, c’est une bonne introduction aux romans, mais que seuls, ils ne se suffisent pas. J’ai aimé, bien entendu, on est midinette ou on ne l’est pas, mais en même temps, le côté « puriste » de moi-même n’a pu s’empêcher de trouver le film décousu, trop elliptique et bien loin d’avoir le même pouvoir d’engouement que le roman. On passe d’une scène à l’autre plutôt rapidement et quelques libertés ont été prises, ce qui a toujours tendance à m’irriter. Mais (et je l’assume), le film se laisse agréablement regarder, quand même, même s’il a un peu vieilli !
Je n’aurais donc qu’un mot à dire, chers lecteurs, pour conclure ce billet pour le moins décousu… J’adoooooooooooore ! (et ça m’a donné envie de me replonger dans Dumas, allez comprendre…)
Angélique, Marquise des Anges
Anne et Serge Golon
J’ai Lu
770 pages
5 /5