Eugénie, Fille du Roy – René Forget

Publié le par Pimpi



Eugénie, fille du roy, premier tome d'une trilogie, est une fresque historique décrivant l'odyssée de la jeunesse française venue s'établir en Nouvelle-France selon les politiques coloniales du XVIIe siècle.
La traversée de 1666 est le point de départ d'une idylle entre Eugénie Languille, une fille du roy, et François Allard, un engagé qui deviendra colon et artisan à Charlesbourg. L'héroïne devra contourner les manigances des dirigeants coloniaux et faire patienter son amoureux pour tracer sa propre destinée, alors que le pouvoir politique et religieux avait pour objectif d'accélérer le processus de peuplement de la Nouvelle-France par le mariage-éclair des filles du roy.

Puisant dans sa propre généalogie, René Forget raconte ce fragment palpitant de l'histoire du Québec, déterminante pour bon nombre de Québécois.

 

 

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Cela faisait quelques temps que je voulais lire un roman autour de l’aventure des filles du roi, des orphelines dotées par le roi de France pour aller épouser un colon en Nouvelle-France, afin de favoriser le développement de la nouvelle colonie.

 

Ce roman est le premier tome d’une saga qui en compte quatre, à ce jour, contrairement à ce que dit la quatrième de couverture (faut croire que l’auteur a changé d’avis !). La saga entière tourne autour d’Eugénie Languille et de sa descendance. Eugénie Languille, comme toutes les filles du roy, est une orpheline qui a décidé, de sa propre volonté, de partir en Amérique pour enseigner la religion, surtout, aux sauvagesses. Bien que centré autour d’elle, ce premier tome est bien plus large et raconte l’histoire de plusieurs filles du roi parties trouver leur fortune au pays des Iroquois.

 

Ce premier tome démarre assez lentement, en commençant par présenter les différents protagonistes, Violette Painchaud, Eugénie Languille, François Allard, notamment. Tous ont souffert. Les jeunes filles sont orphelines, François a perdu sa fiancé dans des circonstances affreuses. Tous ont également entendu parler de la Nouvelle-France et de ses beautés, mais aussi de ses dangers. Eugénie souhaite enseigner aux sauvagesses, comme sont appelées les filles autochtones, François veut s’établir en tant que colon et devenir propriétaire d’une terre en Nouvelle-France, avec l’espoir d’un meilleur destin que celui que lui proposait la France et sa Normandie natale. Violette, au physique ingrat, espère trouver le bonheur de l’autre côté de l’océan.

 

Ce roman s’attache surtout à raconter les préparatifs du départ, les conditions pour l’octroi de la dot du roi, la rencontre entre les différents personnages, puis, la traversée. Traverser l’Atlantique dans les années 1660, c’était loin d’être aussi facile et confortable qu’aujourd’hui. Les tempêtes faisaient beaucoup de morts, la France était encore en guerre avec l’Angleterre, alors il fallait veiller à ne pas croiser de navire anglais avant d’atteindre le grand large (ce qui n’est pas forcément facile quand le bateau part du port du Havre), et surtout, il fallait se prémunir contre le scorbut, cette maladie qui emportait les colons et filles du roi par centaines, pauvres âmes qui périssaient avant même d’avoir pu voir à quoi ressemblait la terre vers laquelle ils partaient. On était loin de La Croisière s’amuse !

 

Sur le bateau, engagés et filles du roi se découvrent, les amitiés se nouent, les amourettes se développent. Mais à l’arrivée du bateau, d’abord à Gaspé, où le capitaine peut faire commerce avec certains autochtones et échanger des épées contre de la viande d’orignal, puis à Tadoussac (ah ah, j’y étais, j’y étais) et enfin à Québec, le « terminus », les choses sérieuses commencent vraiment. Les filles doivent choisir un époux déjà installé, colon ou aristocrate, selon leur rang social et l’épouser sous trois semaines, sinon, elles perdrent leur dot (je ne sais pas jusqu'à quel point c'est vrai, par contre...). La réalisation des couples ressemble un peu à Tournez-manège, les garçons indiquent leur préférence et les filles choisissent. Emballez, c’est pesé, pour le meilleur et pour le pire. Le but ultime : faire des enfants et peupler la colonie, pour qu’elle survive. Les filles du roi avaient même des « primes » à partir du cinquième enfant (ou du septième, je ne sais plus), pour dire ! (là encore, je pense que c'est assez vrai, mais je ne sais pas jusqu'à quel point... une histoire à creuser!)

 

Mais Eugénie, elle, hésite. Contrairement à Violette ou aux autres filles, elle ne veut pas se marier à tout prix, elle veut enseigner aux sauvagesses. Elle pourrait prendre le voile et devenir ursuline, mais l’appel de Dieu se fait attendre, elle n’a pas complètement la vocation. Les hommes, avec leurs pulsions charnelles, la déçoivent. Pas un n’est capable de respecter son vœux de rester pure jusqu’au mariage. Tous essaient de la prendre de force. Il faut dire qu’elle est belle comme un cœur ! Mais son cœur, à elle, reste indécis, et pense encore à un engagé qu’elle a rencontré sur le bateau…

 

On suivra ensuite l’évolution des vies de chacun, pendant quelques trois ans. On apprendra comment a tourné le mariage des unes et des autres, comment les engagés (qui, comme leur nom l’indique, s’étaient engagés en France à servir qui voudrait d’eux en Nouvelle-France, et qui pouvaient prétendre au titre de colons au bout de 3 ans de résidence, si je peux m’exprimer ainsi) ont trouvé employeur et, plus tard, des terres. On apprendra surtout le choix qu’a fini par faire Eugénie…

 

Chers lecteurs, j’ai beaucoup aimé ce roman, qui a parfaitement répondu à mes attentes et a satisfait ma curiosité. Cette époque de l’histoire m’intéresse beaucoup et il est clair que René Forget connaît bien son sujet. Les faits, bien qu’inventés et romancés, dépeignent des situations réalistes, que je pouvais tout à fait me représenter. Ce roman se lit par ailleurs très vite et après les premières pages de présentation, qui, bien qu’intéressantes et indispensables, sont un peu fastidieuses, on se sent vraiment happé par l’histoire et on tourne les pages sans s’en rendre compte.

 

Ce roman fournit également beaucoup de renseignements sur la vie à cette époque, les relations avec les iroquois, les tortures qu’ils sont capables de faire subir aux colons, les règles édictées par le roi quant au mariage de ses filles, etc., La grande Histoire, racontée par la petite histoire… c’est ce que j’aime le plus dans les romans historiques.

 

En résumé, donc, un livre que je vais finalement acheter, avec les suivants (dès que j’aurais un peu diminué ma PAL !!) et que je recommande à tous ceux que cette période intéresse !

 


Eugénie, Fille du Roy

René Forget

Édition Lanctôt

410 pages

4 /5

 


Ce livre n’entre pas dans le défi Objectif PAL, puisque je l’ai emprunté à la bibliothèque !!! Je sais, ça n’avance pas vite, ce défi !!! Comme les autres, d’ailleurs. Je pense que je vais garder tous mes défis l’an prochain !

Publié dans Romans historiques

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Y
ça a l'air bien mais moi je ne vais plus à la bibliothèque sinon ma pal ne baissera jamais :-)))
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P
<br /> aaaah, belle résolution. Je vais essayer de m'y tenir aussi, sinon, ma PAL ne va jaaaaamais baisser!<br /> <br /> <br />
K
Depuis que tu m'en parles, j'attends ton avis pour décider si je le lis ou pas! Et bon, ça semble bien!!Vendu!
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P
<br /> Ouiiii, chouette! Mais vas-tu acheter toute la saga neuve? Ou essayer comme moi de la trouver en occasion (vainenment, il faut l'avouer?)<br /> <br /> <br />
A
le moins que je puisse dire, c'est que ça donne envie ! ça me rappelle un peu Angélique, la partie qui se passe au Canada ! Bonne lecture d'Angélique se révolte au fait ;)
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P
<br /> Ah oui, à toi aussi??? Je me régale avec Angélique se révolte...<br /> <br /> Par contre, si le sujet t'intéresse, je te recommande ce livre, et aussi Jeanne, fille du roi, de Suzanne Martel!!!<br /> <br /> <br />
P
Les filles du Roy n'étaient elles pas également des prostituées ou des filles récupérées un peu partout ? C'est ce qu'il me semble me souvenir d'Angélique :-)
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P
<br /> À ma connaissance, c'est plutôt une légende urbaine. Il y a bien dû en avoir, mais majoritairement, c'étaient des filles des orphelinats, voire parfois des filles de bonne famille, aristocrates,<br /> qui sont parties pour fonder des familles et peupler la colonie... il y avait un adage qui disait, faussement, "fille du roy, fille de joie", mais c'était de la médisance. Les filles du Roy sont<br /> pour une grande part à l'origine du peuple québécois. Il fallait des filles volontaires, mais surtout résistantes pour travailler aux champs avec leur maris, des filles costaudes et à même de<br /> supporter l'hiver... si elles n'avaient été que des filles de joie, elles n'aurait jamais survécu autant que cela!<br /> Après, je ne dis pas qu'il n'y en a pas eu, comme partout, il a bien dû y avoir des filles de joie, mais ce n'était vraiment pas la majorité!!! <br /> Pour ce qui est des filles récupérées un peu partout... elles étaient orphelines de mère au moins, et elles venaient de partout en France, mais de ce que je sais, elles étaient sélectionnées, pas<br /> récupérées... <br /> C'est pas forcément facile de tirer le vrai du faux dans ces légendes!!!!<br /> <br /> <br />