Carrie Pilby (La vie (pas) très cool de Carrie Pilby) – Caren Lissner
Teen Genius (and Hermit) Carrie Pilby'’s To-Do List:
1. List 10 things you love (and DO THEM!)
2. Join a club (and TALK TO PEOPLE!)
3. Go on a date (with someone you actually LIKE!)
4. Tell someone you care (your therapist DOESN’T COUNT!)
5. Celebrate New Year’s (with OTHER PEOPLE!)
Seriously? Carrie would rather stay in bed than deal with the immoral, sex-obsessed hypocrites who seem to overrun her hometown, New York City. She’s sick of trying to be like everybody else. She isn’t! But when her own therapist gives her a five-point plan to change her social-outcast status, Carrie takes a hard look at herself-and agrees to try.
Suddenly the world doesn’t seem so bad. But is prodigy Carrie really going to dumb things down just to fit in?
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Au commencement était le livre. Un roman Harlequin Teen, de surcroît. Lu et apprécié par beaucoup de coupines de lecture.
Au commencement étaient trois lectrices en mal de LC en mode hystérique, Sandy, Cécile et moi (faut dire que depuis Barrons, nous étions en sérieux manque de potentiel masculin digne de ce nom).
Au commencement était une LC, attendue avec impatience. Nous étions prêtes toutes les trois à dégainer le courriel hystérique à tire larigot, à nous extasier à grands renforts de Aaaaaaaaaaaah, de Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiii, de Hooooooooooooo et de Les Fiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiilles...
Sauf que voilà. Le potentiel hystérisant de La vie (pas) très cool de Carrie Pilby est proche du niveau des températures au Québec en plein hiver. Ce qui n’est pas bien élevé, croyez-moi.
Donc, pour l’aspect LC en mode hystérique, on repassera. Mais il nous est resté la découverte d’un roman fort étonnant, bien loin de la bleuette romantique que je m’attendais à trouver dans un roman Harlequin pour adolescent(e)s. Et que j’ai vraiment beaucoup aimé, au final !
Carrie Pilby est une surdouée. Une vraie. Avant ses 10 ans, elle avait déjà sauté des classes. Elle a intégré Harvard à 15 ans et en est ressortie diplômée à 19. Le monde autour d’elle est sans cesse le sujet de questionnements, d'interrogations. Elle n’aime rien autant que chercher les significations et l’étymologie des mots dans le dictionnaire. Et elle est totalement handicapée socialement, incapable de s’intégrer dans un groupe d’amis et d’avoir des conversations normales sans être déçue par la banalité des gens, leur manque d’intelligence, leurs platitudes. Et leur manque de questionnement, de remise en question, de ce qui les entoure.
Alors le papa de Carrie lui paie des séances de thérapie. Et le Dr Pétrov demande à Carrie un plan en 5 étapes pour commencer sa socialisation : faire la liste de 10 choses qu’elle aime, s’inscrire dans un club, aller à un rendez-vous, dire à quelqu’un qu’il est important et fêter le Nouvel an. Pour lui faire plaisir, et pour prouver que le problème ne vient pas d’elle, mais bien des autres, Carrie suit ses conseils. Elle se met à fréquenter un garçon, rencontré grâce aux petites annonces, elle s’intéresse à une église, et elle se rappelle qu’elle aime le soda à la cerise et les bonbons arc-en-ciel...
Mais voilà, les expériences de Carrie l’amèneront à faire des découvertes, à se poser des questions et à revoir ses opinions sur beaucoup de choses, et ce n’était pas ce qu’elle avait prévu. Loin de là même.
Alors, Carrie parviendra-t-elle à se socialiser ? Pour de vrai ??
Il y a beaucoup d’aspects du roman que j’ai réellement aimés. Le sarcasme et l’ironie mordante de Carrie, qui ne s’en laisse compter par personne, ses réparties cinglantes, son regard un peu hautain sur le reste du monde. J’ai aimé suivre l’évolution de sa position, de ses pensées. J’aime son caractère un peu déboussolé par ce qu’elle est, par qui elle est. Je trouve que l’auteur a fait très fort, sur ce plan-là, pour se mettre dans la peau de quelqu’un de bien plus intelligent que la moyenne. J’en serais bien incapable et j’ai beaucoup aimé cette incursion dans un cerveau que je n’aurais jamais.
En fait, il y a peu de points que je n’ai pas aimés dans ce roman. La seule chose qui ne m’ait pas vraiment rejointe, c’est le rapport de Carrie avec l’église. Au début, elle assiste aux messes et accepte des rendez-vous avec les responsables uniquement pour établir cette religion aux yeux de tous comme un culte destructeur. Mais petit à petit, elle commence à croire à ce qu’elle entend et à se dire que finalement, c’est pas mal du tout ! Eh bien moi, j’ai moyennement aimé cette évolution. Les histoires de religion dans les romans ont toujours du mal à trouver un écho en moi, sûrement parce que je suis cynique et sarcastique en la matière. J’ai trouvé que c’était un peu trop américanisant, cette histoire de religion, et je reste sceptique quant à la pertinence de cette histoire.
Mis à part ce détail, et le manque de vraie histoire à l’eau de rose, dégoulinante de guimauve et bien sucrée, comme on les aime chez Harlequin, j’ai trouvé que c’était un très bon roman, un roman qui fait réfléchir, quelque part. Je ne m’attendais absolument pas au sérieux du ton, aux propos que l’on rencontre, mais je ressors de cette lecture séduite. C’est un très bon roman, qui mérite une autre édition que simplement Harlequin. Il passe sûrement à côté de son public, à cause de ça...
Un roman que je vous recommande donc, chers lecteurs, non pas pour rêver, mais pour réfléchir. Et pour rencontrer Carrie, qu’on aimerait aider à se socialiser (bien qu’elle me rejetterait sûrement, pas assez intelligente pour elle je suis !!).
Et maintenant, je vous propose d’aller voir les billets de mes comparses de lecture... Sandy et Cécile !
(Titre original) Carrie Pilby
(Traduction) La vie (pas) très cool de Carrie Pilby
Carren Lissner