Dictionnaire amoureux de la Russie - Dominique Fernandez
Cela faisait longtemps que je n'avais pas publié un billet sur la Russie... je suis un peu en retard sur ce défi, mais ça n'empêche pas les valeureux participants de continuer à lire et à décourir la Russie !
Voici donc un nouveau billet de JoëlleM, auprès de qui je m'excuse encore une fois du retard dans la publication...
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Dictionnaire amoureux de la Russie Dominique Fernandez
chez Plon (26€)
Entre Dominique Fernandez et la Russie, c’est vraiment d’amour qu’il s’agit. Son »Dictionnaire » nous entraîne dans un périple à travers le temps et l’espace, de la Russie impériale à la Russie actuelle, sans oublier l’ex-URSS (…..) D. Fernandez possède ce don très rare d’avoir la culture légère. Il n’assomme jamais avec le poids de ses connaissances, mais donne à appréhender, à aimer, à comprendre tout ce qui l’a enchanté ou révolté, c’est selon. (Extrait de la 4ème page de couverture)
Oui, on me l’a offert, ce cadeau tant convoité, car l’emprunt à la bibliothèque ne me suffisait pas ; je voulais l’avoir à moi ! Donc, j’ai 2 nouvelles à vous annoncer : la mauvaise c’est qu’il ne faut surtout pas baisser les bras et arrêter de faire vos commentaires personnels après avoir navigué dans ce dictionnaire de 830 pages ! La bonne nouvelle c’est que vous allez piocher au cours de vos lectures dans les analyses «amoureuses » de la Russie que vous propose l’auteur, et que vous allez être titillé par une curiosité dévorante.
Lorsqu’un article mérite de nombreuses pages, D. F., pour faciliter la lecture, le décompose en plusieurs tableaux, par ex : Tourgueniev, Nabokov, Makine etc.
Un index récapitule toutes les entrées par ex : pour Tolstoï qui apparaît une quarantaine de fois dans différentes entrées !
La lecture de ce qui est consacré aux villes russes, leurs palais, cathédrales, monastères donne envie de prendre immédiatement un billet pour voir de près toutes ces merveilles où tous ces lieux chargés d’Histoire. D. F. a voulu consacrer, en plus des très belles pages sur Saint-Peters bourg, un long article sur Leningrad car « Oublier le nom de Leningrad, ce serait effacer le sacrifice de plus d’un million de martyrs. »
Sont analysés avec amour les grands écrivains classiques mais aussi les poètes (comme Anna Akhomatova, dont les livres furent détruits dans la campagne de redressement idéologique car « Ses œuvres ne peuvent semer que l’accablement, le découragement, le pessimisme ». )
Ne courez pas tout de suite acheter le gros pavé d’Axionov (1000 p.) : « Une saga moscovite », sans avoir lu la « substantifique moelle » qu’en dégage D. Fernandez. « Le réalisme quelquefois appliqué d’Axionov vole en éclat sous le coup d’une hilarité gargantuesque. Comment supporter l’horreur, sinon en la tournant en dérision ? »
Vous aurez aussi envie d’écouter Chostakovitch dans sa 7ème symphonie, dite de Leningrad : « On y entend un motif indéfiniment répété de tambours, métaphore de l’invasion allemande. » Et sa 13ème symphonie « écrite à la mémoire des victimes juives du massacre de Babi Yar perpétré par les nazis ».
D’autres entrées sont passionnantes (dans l’ordre alphabétique et entre autres): l’antisémitisme, la danse, les femmes, l’homosexualité, les icônes, la mort, la peinture, les polars, les cinéastes, etc. Bref, une mine !!! Tout en gardant un style très simple bourré d’exemples concrets.
Ce que j’ai apprécié aussi, c’est que l’auteur dit bien sûr pourquoi il aime, mais il lui arrive de signaler des défauts dans l’écriture : « Le roman, un peu lent à démarrer prend son envol après la guerre »… ou dans les attitudes de certains (antisémitisme, hargne vis-à-vis de Saint-Pétersbourg …).
C’est peut-être grandiloquent ce que je vais vous dire mais c’est un livre fait de chair et de sang et il a bien sa place dans cette collection des dictionnaires amoureux !
JoëlleM