La nuit blanche de Saint-Pétersbourg – Michel de Grèce
Un enfant solitaire erre dans les palais dorés de la Russie impériale... Depuis sa naissance, son avenir semble tout tracé : neveu du tsar, il ira à l'armée, se mariera avec une princesse, aura des postes honorifiques. Un carcan pour ce garçon romantique, intelligent, qui bouillonne d'énergie.
Un soir d'ennui à l'Opéra, Nicolas rencontre la ravissante Fanny Lear, une Américaine de mœurs légères. C'est le coup de foudre ! A cause d'elle, Nicolas se rapproche de jeunes révolutionnaires rêvant de libérer le peuple du joug tsariste. Peu après, des joyaux disparaissent chez l'impératrice et, sacrilège, les diamants ornant une icône sont dérobés... Nicolas, accusé, avoue. Pourtant, il n'est pas sûr qu'il soit coupable. Alors pourquoi accepte-t-il le terrible châtiment que lui infligent trois empereurs successifs, dont son petit-cousin Nicolas II, le dernier tsar de Russie, exécuté en 1918 par les bolcheviks et canonisé aujourd'hui...
C'est ce que nous raconte Michel de Grèce dans cette épopée incroyable et cependant véridique : le grand-duc Nicolas est né en 1850, à Saint-Pétersbourg. Mais, en 1878, son nom a été rayé de toutes les listes officielles de la dynastie Romanov. Comme s'il n'avait jamais existé... Un jour, Michel de Grèce, lui-même descendant des Romanov, a recueilli les confidences du dernier témoin, la petite-fille de Nicolas. Il a ainsi découvert qu'il avait un grand-oncle dont il ignorait tout. De là est née cette histoire sombre mais follement romanesque, avec des cavalcades de Cosaques à travers la steppe et des chasses au loup dans la neige.
*****************************
J’ai fait l’acquisition de ce roman lors d’une vente de bibliothèque, l’an dernier, pour une bouchée de pain. J’avais parcouru rapidement la quatrième de couverture, mais le simple titre du roman avait suffit à me convaincre. Ce roman, il m’intéressait.
Il n’est donc pas étonnant qu’au final, ce roman, qui n’en est pas tout à fait un, n’ait pas été ce à quoi je m’attendais… sans que cela n’enlève rien à mon plaisir de lecture, soit dit en passant.
Car ce roman n’est pas réellement un roman, au sens œuvre de fiction. Il s’agit de la biographie, un peu romancée, d’un mouton noir de la famille des Romanov, le grand-duc Nicolas Konstantinovich Romanov, fils, donc, du grand-duc Constantin et neveu du dernier tsar de Russie, Nicolas II.
Pourquoi mouton noir ? Simplement parce que ses frasques diverses et variées, ses « menus » larcins à répétition (il a dérobé de précieuses icônes, des bijoux, des cachets de l’impératrice) visant à provoquer sa famille, ont fini par lui valoir l’exil, puis l’oubli. Il a même fini par être rayé des arbres généalogiques des Romanov… Michel de Grèce, lui-même descendant des Romanov et écrivain, n’a appris l’existence de cet ancêtre répudié que lors de l’enterrement « officiel » des derniers Romanov, après que l’on a découvert et identifié les derniers corps, mettant ainsi un point final à l’aventure des soi-disant descendants mystérieux des supposés rescapés du régicide. C’est la petite-fille du grand-duc oublié qui, lors de cet événement réunissant toute la famille, a raconté à Michel de Grèce l’histoire de son ancêtre, lui permettant ainsi de faire passer à la postérité la vie de cet homme, Romanov de nom mais révolutionnaire de cœur…
Sous la plume de Michel de Grèce, le lecteur découvre ainsi la vie de ce petit garçon ébloui par sa mère, battu par son précepteur, amoureux de la sensualité et de l’amour physique, Romanov, certes, mais écœuré par le régime tsariste, au point qu’une partie de ses larcins servira à financier l’œuvre révolutionnaire. La culpabilité d’avoir, peut-être indirectement, causé la mort du tsar Alexandre II, ne le lâchera jamais, jusqu’à la fin de ses jours. Homme à femme, séduisant et séducteur, il a disséminé des enfants un peu partout où il est passé, totalisant trois épouses plus ou moins officielles… Exilé lorsque ses méfaits et larcins furent découvert, il ne réintègrera jamais réellement sa famille, même après la chute du régime tsariste. Jusqu’à la fin de ses jours, il vivra en incompris, seul avec sa peine et sa douleur, considéré comme fou par la plupart des médecins, sans jamais trouver la paix de l’esprit.
Un livre intéressant qui m’a permis de découvrir une face cachée de la famille Romanov, pas toujours reluisante, d’ailleurs. Une histoire qui m’a surprise par sa teneur, puisque je m’attendais à un roman d’amour et d’aventure à l’époque des tsars, mais dont j’ai néanmoins apprécié la lecture…
Une lecture qui s’inscrit parfaitement dans le cadre de la Semaine Russe, mais aussi de mon défi Une année en Russie, édition 2011 !
(Titre original) La nuit blanche de Saint-Pétersbourg
Michel de Grèce