Le cinéma russe
Un nouveau billet de JoelleM, qui propose aujourd'hui de partager avec nous ce qu'elle a glané sur le cinéma russe.... un sujet passionnant, vous allez voir!!
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Pour le challenge Russie, je vais m'intéresser aux BD et à cause de "Celui qui sait" d’A. MARININA au cinéma russe, voici donc un billet pouvant faire comprendre l'évolution de Natacha l'héroïne qui fait des études de cinéma puis qui est réalisatrice.
Les commentaires sont issus du formidable et distrayant livre "L'Histoire du Cinéma pour les nuls" de Vincent Mirabel chez First Editions (un cadeau intelligent que j'ai reçu l'année dernière !):
L'école soviétique au service de la Révolution (1919-1940)
En 1919 Lénine ferme ses frontières au cinéma américain et nationalise le cinéma russe. Celui-ci est chargé d'une haute mission éducative, sous l'autorité du Commissariat du peuple à l'Éducation (on voit un commissaire faire des remontrances à Natacha sur son premier projet). Les rares réalisateurs qui restent ont le devoir d'assurer la propagande du gouvernement et de son modèle idéologique (Nat. fera un documentaire sur Gorbatchev). Les cinéastes d'Etat n'ont pas le choix : c'est ça ou le chômage dans un goulag sibérien en tant que dissidents (on verra un dissident copain de Nat. qui n'étant qu'étudiant n'ira pas jusque là, mais dont l'avenir va être bloqué jusqu'à la libéralisation), (mais c'est dire si parler trop pouvait avoir des conséquences très graves). Staline les encourage à créer des "agitli" : courts films de propagande (ce qu'apprendra à faire Nat. dans son école du cinéma des années 1970). Serguei EISENSTEIN n'hésite pas à jouer le porte-parole du Politburo "Notre art doit être fondé sur le communisme et sur une analyse de la création artistique" ... c'était une manière de se garantir une plus grande liberté de création (et notre héroïne utilisera le même procédé). Sur le plan artistique, l'Ecole cinématographique soviétique (où travaille le grand professeur, père d'Igor) s'oppose à Hollywood et ses héros "self made men". Il faut faire l'éloge dans un premier temps du peuple humble, travailleur, solidaire, débordant de messages politiquement corrects (et le documentaire de Nat. sur la violence des ados, l'ivrognerie doit être modifié). Les grandes fictions sont à la gloire de la masse laborieuse paysanne : "La Mère" du poète V. POUDOVKINE, 1926 ; "La Terre", de l'ancien paysan ukrainien A. DOVJENKO, 1930. Puis ce seront des kilomètres de reportages à la gloire de l'essor soviético-industriel, façon ciné-vérité (23 kinopravda de D. VERTOV, 1922-1925). Parallèlement, S. EISENSTEIN met en scène de lourdes reconstitutions historiques à la gloire du peuple russe tout entier : "Le Cuirassier Potemkine" (1925), "Octobre" (1927), avant Alexandre Nevski (1938) (héros national russe, prince militaire du 13ème siècle).
Faucille, marteau et ciseaux :
Cartes postales édifiantes, sujets imposés, manque de recul historique, interdiction de distance critique se traduisent par un manque total d'humour dans les scripts. Et pourtant il y a EISENSTEIN avec son cultissime "Cuirassé Potemkine" et "La Grève" (il faut lire l'analyse de Vincent Mirabel), et l'Ecole soviétique qui a porté à son plus haut niveau la science du cadrage et du montage, reconnue par tous (spectateurs russes ou non).
Les cinéastes font bloc (1956-
La dénonciation des crimes de Staline lors du XXème congrès du Parti communiste redonne de la vitalité au cinéma du bloc soviétique.
M. KALATOZOV décroche la Palme d'or avec "Quand passent les cigognes" (1958), touchante romance sur fond de guerre et paix, avant de dépeindre la vie du peintre "AndreÏ Roublev » (1966).
Andreï TARKOVSKI (1960…) : vous pouvez lire l’article de Wikipedia qui parle entre autre de la querelle à propos de« Solaris » et « 2001 L’Odyssée de l’espace ».
Enfin l’ukrainien S. PARADJANOV met en valeur dans les « Chevaux de feu » (1965), les nombreuses coutumes de sa région, sans tomber dans le discours ethnographique.
Voici enfin une partie de l’article consacré au Cinéma russe par Wikipedia
La période qui suit la mort de Staline est considérée comme "la Renaissance du cinéma soviétique" mais Natacha Laurent relativise cette expression et parle d'un dégel faible.
Toujours d'après cette historienne, il semble que le cinéma soviétique sorte du "réalisme soviétique stérile et conformiste" des années 1930 et de l'Epokha malokartinia.
La rivalité Est-Ouest est toujours perceptible concernant les choix des sujets : par exemple, des réalisateurs russes tentent d'adapter de la meilleure manière possible au cinéma les grands standards de la littérature européenne. Grigori Kozintsev est alors le cinéaste le plus en vue pour ses adaptations multiples (notamment un Don Quichotte en 1957).
Avec la Pérestroïka, les montages financiers des productions cinématographiques évoluent (On le voit dans le roman où Nat. se fera financer par son ami). Les studios sont toujours divisés en "Unités de production groupées" mais ces "Unités" peuvent dorénavant signer un contrat avec des sponsors. Ces derniers ne sont pas obligatoirement des entreprises destinées à la production cinématographique. Il s'agit d'une volonté de mettre fin aux commandes d'État même si celles-ci continuent parfois sous le camouflage de "l'entreprise-sponsor" : Soyouz (entreprise pilotée par l'État) produit les films de Vadim Abdrachitov(Armavir) dans les studio Mosfilm.
Après la fin de l'URSS
Après la fin de l'Union Soviétique, plusieurs cinéastes russes sont récompensés lors des grands festivals internationaux comme Nikita Mikhalkov avec Urga en 1991.
En 1998, Alexeï Balabanov revisite l'histoire du cinéma russe dans Des monstres et des hommes film tourné "à la manière" des films dans années 1920, période florissante pour les arts. Ce n'est pas la grande histoire qu'il choisit de montrer mais l'univers des premiers films érotiques, de la violence crue et de la méchanceté gratuite.
Malgré la chute de l'Union Soviétique, le cinéma russe peine à s'exporter. Par exemple, Pavel Lounguine est un des rares réalisateurs russes à voir ses films distribués à l'étranger. En 2003, son film Un nouveau Russe remporte le Prix spécial du Jury du Festival du film policier de Cognac. En 2005, Familles à vendre montre des immigrés russes qui retrouvent leurs racines dans un village qui n'est pas celui de leur enfance contrairement à ce que leur fait croire Edik. Son dernier film (L'île, Ostrov) est sorti en France.
Ouf ! J’ai fini ! Mais bien sûr reste à regarder le cinéma et la télévision d’aujourd’hui.
A vos cassettes ou DVD !
JoëlleM