Les Lettres – Edith Wharton
A Paris, la jeune Lizzie West tombe amoureuse de Vincent Deering, le père de la petite fille dont elle est l'institutrice. Devenu veuf, Deering doit repartir aux Etats-Unis. Les amants se promettent de s'écrire, mais rapidement Lizzie ne reçoit plus aucune lettre. Quelques années plus tard, elle le croise par hasard…
Une analyse fine et pénétrante du cœur d'une femme amoureuse par l'auteur de Chez les heureux du monde
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J’ai acheté ce petit roman en Folio 2 euros au salon du livre (je n’ai acheté que des romans en Folio 2 euros au salon du livre…). En fait, je ne voulais prendre que des romans d’auteurs russes, mais il me faisait de l’œil et je voulais découvrir Edith Wharton depuis quelques temps déjà. Je trouve que cette collection permet de se lancer dans la découverte d’auteurs qu’on n’aurait peut-être jamais lu sans eux… même si je préfère en général les gros pavés, j’avoue que pour découvrir, des romans courts et des nouvelles, c’est bien aussi.
J’ai donc profité du prix pour découvrir cette nouvelle d’Edith Wharton, Les Lettres, tirée du recueil intitulé Le fils et autres nouvelles. Grinçante, pour le moins, cette nouvelle… assez désabusée, même, je dirais.
L’héroïne est une jeune fille sans le sou, Lizzie West, qui tombe amoureuse du père de son élève. Un schéma classique. La femme du mari, de constitution fragile, décède subitement et le mari doit s’en aller pour les Etats-Unis pour gérer les biens de sa femme au nom de sa fille. Avant le départ, les deux amants s’échangent la promesse de s’écrire beaucoup. L’un des deux ne tiendra pas sa promesse… on se doute que c’est l’homme. Classique. Quelques années plus tard, un héritage a sauvé la jeune Lizzie de sa pauvreté et celle-ci fait maintenant partie du beau monde. Au cours d’une soirée, elle croise son ancien amant… une explication, et les voilà mariés, avec un enfant. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce que Lizzie découvre quelque chose qui fera basculer son univers…
Moi je dis, chers lecteurs, qu’avec des clichés pareils et des situations aussi invraisemblables, on aurait dû avoir une nouvelle peu intéressante, limite mièvre. Eh bien pas du tout, bien au contraire ! Sur un ton des plus naturels, Edith Wharton nous brosse le portrait de la femme amoureuse, délaissée, puis reconquise, puis lucide. Lorsque Lizzie soupçonne son mari d’avoir gentiment enjolivé la vérité pour la reconquérir lorsqu’il a appris sa richesse, elle veut d’abord tout quitter, là, tout de suite… mais son cheminement de pensée, plutôt intéressant et désabusé, lui fait renoncer à son projet. Elle mettra alors de l’eau dans son vin… baissons les masques et dévoilons la vérité sur les relations homme-femme, voilà ce que semble nous dire Edith Wharton avec cette petite nouvelle. Toute la nouvelle amène en fait au discours intérieur final de l’héroïne, à ses illusions qui volent une fois de plus en éclats et à ce qu’elle décide de faire pour conserver sa vie, celle qu’elle s’est créé…
Une nouvelle des plus grinçantes, chers lecteurs, mais qui me donne envie de lire d’autres choses d’Edith Wharton !
The Letters
Les Lettres
Edith Wharton
4 /5
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Ce livre entre dans le cadre du challenge Folio 2 euros !
(quoi? oui, c'est tout... )