Romeo and Juliet (Roméo et Juliette) – William Shakespeare
Attention, ce billet ...
***************************************
Two households, both alike in dignity
(In fair Verona, where we lay our scene),
From ancient grudge break to new mutiny,
Where civil blood makes civil hands unclean.
From forth the fatal loins of these two foes
A pair of star-crossed lovers take their life,
Whose misadventured piteous overthrows
Doth with their death bury their parents' strife
The fearful passage of their death-marked love
And the continuance of their parents' rage,
Which, but their children’s end, naught could remove,
Is now the two hours' traffic of our stage—
The which, if you with patient ears attend,
What here shall miss, our toil shall strive to mend.
Ainsi commence l’une des tragédies les plus célèbres et les plus bouleversantes de tous les temps. La tragédie de Roméo et Juliette…
Mon histoire avec cette pièce remonte à bien longtemps, chers lecteurs. À l’époque où, innocente et naïve, submergée par des passions adolescentes, je déclamais, dans les couloirs de mon lycée, accompagnée de mes amies (aussi folles que moi), ces vers qui nous soulevaient et nous emportaient dans un tourbillon d’émotions : Ô Roméo, Roméo, pourquoi es-tu Roméo / Renie ton père et abdique ton nom/ Ou si tu ne le veux pas, jure-moi de m’aimer / et je ne serais plus une Capulet - Dois-je l’écouter encore, ou lui répondre ?
Depuis ces folles années de rêve et d’insouciance, je n’avais pas relu la pièce. Mais voilà, il y a quelques temps, je me suis abandonnée à regarder un film qui est devenu un film doudou depuis, Letters to Juliet. Un film rose bonbon (enfin, jaune poussin) qui se passe en Italie. L’histoire de fond, un phénomène réel : des quatre coins du monde, des femmes écrivent à Juliette, dans toutes les langes, pour lui raconter leurs peines et leurs joies. Et à Vérone, un groupe de femmes se charge de répondre à ses lettres… Dans le film, Sophie est une journaliste en herbe et lors de ses vacances à Vérone, elle tombe sur les Secrétaires de Juliette, et le laisse emporter à répondre à l’une des lettres, oubliée depuis 50 ans… sa réponse aura des conséquences, en ce sens qu’elle incitera la destinataire à venir à Vérone pour retrouver son amour de l’époque, son Roméo. Et elle viendra accompagnée de son charmant petit-fils, un anglais au charme et au sourire craquants… la suite… non, je ne vous la raconterai pas. Peut-être aurez-vous droit à un billet sur le film. Si vous êtes sages...
Voici un long préambule, chers lecteurs, qui vous raconte, une fois de plus, ma vie et qui ne vous intéresse peut-être pas tant que cela. Mais voilà, ce film a été à l’origine de mon envie de relire la tragédie de Roméo et Juliette. Une envie tellement forte que j’en ai parlé à Caroline, et qu’ensemble, nous avons décidé de nous attaquer à Shakespeare dans le texte. Mais avec de l’aide : l’édition No Fear des textes du Barde, qui propose, en regard des vers originaux, une traduction en anglais moderne, qui m’a sauvé d’un marasme d’incompréhension plus d’une fois, osons l’avouer.
Et là, dès les premières pages, ce fut une révélation. Grâce à la traduction en anglais moderne, j’ai pu saisir le sens et comprendre les tournures de phrases et d’un seul coup, j’ai ressenti une passion folle pour les vers et la poésie de Shakespeare. Je me suis trouvée emportée dans un autre monde, un autre temps, une autre ambiance… j’ai vécu cette lecture à 100% et j’en suis ressortie limite pantelante d’admiration devant la beauté des textes. Moi qui suit généralement réfractaire à la poésie, car incapable de la comprendre et de l’apprécier à sa juste valeur, j’ai goûté les sonorités harmonieuses des vers de Shakespeare et admiré comment il parvenait à dire de manière compliquée une chose somme toute très simple…
L’histoire de Roméo et Juliette fait partie de ces choses que l’on connaît sans avoir eu besoin de lire la pièce. L’histoire éternelle des amants maudits, issus de deux familles ennemies, fait partie de la culture collective. Mais parce que c’est moi et parce que c’est vous, je vais vous en dire deux mots.
Roméo Montaigu aimait Rosalinde. Enfin, il croyait l’aimer. Mais en se rendant à un bal masqué donné par les Capulet, il aperçut Juliette et sa beauté éveilla aussitôt dans son cœur un amour passionnel qui éclispa la belle Rosalinde. Comme Roméo est un beau parleur, il ne lui fallut que quelques paroles et un baiser volé pour séduire la jeune Juliette… Ce coup de foudre fut suivi d’un mariage secret, béni par le père Laurence, ami très cher et confident de Roméo. Malgré les divergences qui opposent leurs familles respectives, Roméo et Juliette auraient pu tout à fait vivre heureux pour le reste de leur jour, mais les choses ne sont malheureusement jamais si simples. Tybald, le cousin de Juliette, rendu fou par la colère et la haine qu’il ressent pour les Montaigu, assassina Mercutio, le meilleur ami de Roméo. Ce dernier, après maintes tentatives de raisonner son opposant, attaqué avec acharnement par lui, finit par céder aux assauts de son ennemi et sortit son glaive… l’achevant d’un coup fatal. Cet acte malheureux, accompli à contrecœur, sonna son glas. Banni par le prince, fou de douleur à l’idée de ne plus revoir sa belle Juliette, Roméo fut forcé de s’exiler… Pendant ce temps, Capulet et Lady Capulet décidèrent de hâter le mariage de Juliette à Paris, un riche prétendant. Paniquée, désespérée, Juliette demanda alors conseil au prêtre qui les unit, Roméo et elle et s’entendit offrir de feindre la mort pour échapper à ce triste mariage. Pendant ce temps, un messager devait prévenir Roméo de la ruse et l’enjoindre à venir la retrouver dans la crypte afin qu’il puisse l’emmener. Ce stratagème devait leur permettre de vivre ensemble, dans le secret, certes, mais ensemble. Mais voilà, le sort en avait décidé autrement et le messager du prêtre ne rejoint jamais Roméo et la nouvelle de la mort de Juliette arriva, brute, à ses oreilles. Fou de douleur, bien décidé à mourir avec sa belle, Roméo se précipita alors sur la tombe de sa bien-aimé. Là, il se battit avec Paris, qu’il tua, avant de se donner la mort en avalant un puissant poison. Juliette, se réveillant au moment où Roméo expirait son dernier souffle, se donna la mort en se plantant le poignard de Roméo dans le cœur… La perte qu’ils subirent ouvrit les yeux des patriarches des deux familles, qui décidèrent de ne plus laisser leurs rivalités arriver à de telles extrémités…
Cette lecture a totalement bouleversé mes idées toutes faites sur Shakespeare (que je prenais pour quelqu’un de parfaitement ennuyeux depuis que j’avais lu – et pas du tout aimé – Hamlet et Othello), que j’ai découvert souvent drôle (Capulet, par exemple, accueille ses invités en disant aux dames « allez, allez, on danse, celle qui ne danse pas, c’est qu’elle a des cors aux pieds, ah ah ah ! » N’est-ce pas drôle ??) et même parfois graveleux (on ne compte plus les sous-entendus et métaphores filées sexuelles dans les échanges entre Roméo et Mercutio, que j’ai pu comprendre grâce à la traduction en anglais moderne). Mais en même temps, j’aurais dû m’en douter, car dans The Shakespeare Code, (Doctor Who, Saison 3), le dramaturge était clairement dépeint comme un obsédé sexuel et un homme doté d’un grand sens de l’humour. Et l’on sait que les scénaristes de la série avaient le souci du réalisme…
Tout m’a impressionnée et emportée dans cette tragédie. La beauté des vers, la maturité du personnage de Juliette, sa douceur, sa tendresse, son esprit, sa ressource, son courage…
Et Roméo, passionné et romantique, impulsif et orgueilleux. Un personnage fascinant et passionnant, sans demi-mesure. Avec lui, c’est tout ou rien. La folle passion ou la mort. Quand il aime, c’est avec passion, avec ferveur, avec exclusivité…
J’ai aimé la beauté des vers, les sonorités, l’humour, la passion. Le caractère inéluctable de cette passion condamnée avant même qu’elle n’ait eu le temps de s’épanouir… J’ai ressenti un tel sentiment d’impuissance en voyant se dérouler devant mes yeux cette tragédie inévitable, ce gâchis… Si seulement, si seulement, si seulement… Mais cela ne devait pas être. Roméo et Juliette, les amants maudits, ne devaient pas connaître le bonheur sur cette Terre… Nous y avons gagné un mythe, une des plus belles tragédies de tous les temps, une œuvre que l’on pourrait relire inlassablement et toujours y découvrir de nouvelles beautés. Ce que nul doute, je vais faire…
Vous l’aurez compris, chers lecteurs, j’ai vécu intensément cette lecture. J’ai adoré Shakespeare, grâce à cette fabuleuse édition qui permet d’éclaircir le sens parfois abscons des vers du grand Barde… Je ne vais pas m’arrêter là, maintenant, et Caroline et moi prévoyons une autre lecture de Shakespeare en commun…
Parce que Shakespeare est un grand poète, pour le plaisir de sentir ce frisson une fois encore, je terminerai mon billet avec les deux vers de conclusion…
For never was a story of more woe
Than this of Juliet and her Romeo.
(toutes mes citations sont copiées de la version bilingue anglais d’origine-anglais moderne disponible sur Internet)
(Titre original) Romeo and Juliet
(Traduction) Roméo et Juliette
William Shakespeare
********************************
Lecture faite en même temps que ma copine Caroline.
Admirez également nos jolis logos, que vous retrouverez sur tous nos articles liés à Romeo and Juliet (il y en a quelques uns en préparation).
Prochaines lectures communes : Much Ado About Nothing et Hamlet.
Stay tuned, folks!