Voyage dans le passé – Stefan Zweig
Louis, un jeune homme pauvre mû par une " volonté fanatique ", tombe amoureux de la femme de son riche bienfaiteur, mais il doit partir au Mexique pour une mission de confiance. La Grande Guerre éclate. Les retrouvailles du couple n'auront finalement lieu que neuf ans plus tard. Leur amour aura-t-il résisté ? Dans ce texte bouleversant, resté inédit en français jusqu'en 2008, on retrouve le savoir-faire unique de Zweig, son génie de la psychologie, son art de suggérer par un geste, un regard, les tourments intérieurs, les abîmes de l'inconscient.
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On ne m’arrête plus ! Voilà que je poursuis avec Voyage dans le passé ma découverte de l’œuvre de Zweig qui, de par la longueur des nouvelles, s’insère parfaitement entre deux romans plus volumineux !
Voyage dans le passé est une nouvelle que l’on n’a retrouvé que très récemment et qui a donc été publiée seule, et non dans un recueil comme beaucoup d’autres. Cette nouvelle est même suivie du texte en allemand, pour les courageux qui maîtrisent cette langue !
Dans cette nouvelle, Stefan Zweig y explore la montée du désir et la naissance de l’amour, la distance, puis l’oubli, et les retrouvailles. Il y pose une question grave, peut-on encore s’aimer comme dans le passé quand on se retrouve après une séparation de quasiment une décennie ? L’amour et la passion peuvent-ils résister au temps ?
C’est à travers le personnage de Louis, qui m’a un peu fait penser à Julien Sorel, par certains côté, que Stefan Zweig explore les méandres de la naissance de l’amour d’un jeune homme, qui se découvre une passion folle pour la femme de son employeur, chez qui sa position (secrétaire particulier) l’a obligé à vivre, abandonnant ainsi sa liberté chèrement gagnée. La nouvelle commence par les retrouvailles des deux amants. Et alors que le train roule vers la destination qu’ils ont choisi pour se retrouver vraiment, Louis se remémore sa vie, ses débuts, les attentions de la femme de son employeur, et sa douleur quand il a appris qu’il devait partir deux ans au Mexique. Leurs instants de bonheur, de sensualité jamais aboutie. Et la séparation… petit à petit, l’oubli. La vie, la guerre. Jusqu’à leurs retrouvailles.
Ce texte est très beau. Au risque de me répéter, de dire des fadaises que tout le monde a déjà dites mille fois, Zweig y fait montre une fois de plus de son immense talent de conteur, de sa connaissance approfondie des rouages de l’âme et des sentiments et y revient à un sujet que l’on dit être son favori : la passion amoureuse. Avec des mots toujours justes, toujours vrais, toujours soigneusement choisis, sans fioriture, sans excès, il nous emporte dans la tête de Louis, Ludwig, dans son âme, dans son inconscient et nous faire revivre avec lui cette passion qui petit à petit s’est emparé de lui, de ses déchirements lors de son départ, de ses tourments lorsque, les années passant, il s’est rendu compte qu’il ne se souvenait plus de la couleur de ses yeux. C’est à la justesse des détails que l’on reconnaît le talent de Zweig, à mon sens… Incontestablement un auteur génialissime ! Je me réjouis d’avoir encore tant de textes de lui à lire !!
(Titre original) Reise in die vergangenheit
(Traduction) Voyage dans le passé
Stefan Zweig