Darcy’s Passions – Regina Jeffers
Rédigé dans le style humoristique et satirique de Jane Austen, Darcy’s Passions raconte l’histoire de Pride dans Prejudice du point de vue de Mr Darcy. Ce roman raconte sa version d’une relation improbable, voire obsessive avec une jeune femme impossible, Elizabeth Bennet.
Ce roman dévoile la passion de Darcy, mais aussi ses convictions et ses tourments intérieurs. Darcy est conscient que son devoir envers sa famille et son domaine exige qu’il choisisse une femme raffinée. Pourtant, il est déchiré entre ce que sa tête lui dit de faire et ce que son cœur sait être la vérité. Il aime une femme qu’il considère au début comme inférieure, mais c’est à lui que les qualités font défaut lorsqu’il fait sa demande à Elizabeth Bennet et qu’elle la refuse. Dévasté, Darcy doit chercher son âme au plus profond de lui-même et devenir enfin l’homme qu’elle pourra aimer et respecter.
Je sais, je sais, encore une énième version de Pride and Prejudice narrée du point de vue de Darcy. Je sais, j’en ai déjà lue quelques unes, mais que voulez-vous, je ne résiste pas à la possibilité de lire à quel point un homme comme Darcy peut aimer passionnément une femme comme Lizzie et ce qu’il se passe dans la tête d’un homme si orgueilleux quand il tombe amoureux. C’est désespérément romantique et à la limite du guimauve parfois, mais so what ? Je vais faire mon coming out, le guimauve, j’aime ça !!!
Voilà le troisième roman de ce genre que je lis. Après l’incontournable Mr Darcy’s Diary d’Amanda Grange et la trilogie Fitzwilliam Darcy, Gentleman de Pamela Aiden, voilà que je me suis attelée à Darcy’s Passions, Pride and Prejudice retold through his eyes. Le titre annonce bien la couleur, il s’agit de raconter l’histoire du point de vue du chéri de ses dames, le bel et orgueilleux (et riche, n’oublions pas) Fitzwilliam Darcy.
Avec la sagacité qui vous caractérise, chers lecteurs, vous aurez remarqué le –s à la fin de Passions… Ce n’est pas une erreur. L’auteur explique en effet en introduction qu’elle a souhaité mettre l’accent dans le livre sur les trois passions de Darcy : Lizzie, Georgiana et Pemberley. Les trois éléments qui guident ses décisions et qui tracent la route qu’il va suivre, qui le déchirent aussi. Je trouve que c’est une bonne idée, pas vous ? Bien entendu, l’auteur précise qu’elle est fan d’Orgueil et Préjugés depuis des lustres et qu’elle aime tout autant, d’une manière différente, les deux adaptations, 1995 et 2005, auxquelles il lui est arrivé d’emprunter quelques répliques (j’ai noté par exemple la superbe réplique, qui, bien que ne correspondant pas du tout au caractère du Darcy orgueilleux que nous aimons toutes, ne manque pas de rendre mes jambes toutes flageolantes à chaque fois que je l’entends : You have bewitched me body and soul… franchement, je ne sais pas vous, mais moi, je donnerais père et mère pour entendre ça rien qu’une fois dans ma vie !).
Bien entendu, comme chaque fan a sa vision personnelle des livres et de Pride and Prejudice encore plus, chaque « retelling » a immanquablement des défauts aux yeux des autres fans. Je le sais, je m’y attends et je ne m’arrête pas à ces défauts que je leur trouve (sauf pour un des romans que j’ai lus, Mr Darcy Takes A Wife de Linda Berdol, qu’il faut fuir absolument).
Mr Darcy’s Diary, par exemple, était absolument génial, mais trop court (comme les Fingers de Cadbury). La trilogie de Pamela Aiden aussi était extra, sauf les passages inventés par l’auteur, notamment autour de la période entre le départ de Darcy et Bingley de Netherfield et la rencontre entre Darcy et Lizzie dans le Kent. Pamela Aiden avait imaginé une intrigue qui ne m’a que moyennement convaincue mais les deux autres tomes m’ont littéralement transportée.
Bref, il est clair qu’aucun livre ne me satisfera entièrement et totalement. Alors qu’est-ce que c’est, pour celui-ci ?
Si je suis effectivement quelquefois restée sur ma faim avec Darcy’s Passions, c’est que la portion du livre qui raconte réellement P&P est relativement courte. En effet, Darcy’s Passions va plus loin dans le temps que P&P. Pour vous donner quelques repères, le livre fait 385 pages. La première demande en mariage dans le Kent survient à la page 111 (si vite, oui). La première rencontre à Pemberley, quand Darcy revient de Londres en avance, survient à la page 145. La seconde demande en mariage à la page 229. Il reste donc 150 pages après cela. Dans ces 150 pages sont traités les préparatifs du mariage, la manière dont Lizzie et Darcy apprennent à se connaître et à s’estimer encore plus. On parle aussi du mariage, de la nuit de noce (mais tout reste très sage, hein) et des deux premiers mois de Lizzie en tant que maîtresse de Pemberley. Et la question que vous vous posez tous… oui, c’est plausible, oui, j’ai aimé ce passage et non, ça ne dénature pas le roman. Je trouve juste que cette partie-là prend un peu trop de place par rapport au reste du roman. Quand les 400 pages de P&P sont racontées en 230 pages, c’est sûr que ça implique une certaine superficialité dans le traitement des scènes clés. J’aurais aimé plus de détails sur les pensées de Darcy durant le bal de Meryton. Le séjour de Lizzie à Netherfield pour s’occuper de Jane est assez bien traité, on sent bien les tourments de Darcy, qui recherche la compagnie de Lizzie, dont il trouve sa conversation des plus stimulantes, et ce désir qu’il a en même temps de s’éloigner d’elle à cause de sa famille, si insupportable. Le déchirement intérieur est assez bien décrit. Les recherches de Darcy à Londres pour trouver les amants volages sont un peu trop vite traitées aussi, c’est dommage.
Mais si je suis honnête, ça ne choque pas sur le moment (du moins, ça ne m’a pas choquée, moi). Parce que quand même, entrer dans la tête de Darcy, c’est quand même le top du top. C’est comme entrer dans la tête d’Edward, c’est la cerise sur le Sunday, le glaçage sur le gâteau, le désir secret de toute fan de P&P (en tout cas, c’est le mien !). J’ai toujours trouvé ça passionnant de lire une même histoire de points de vue différents. Et quand on entre dans la tête d’un des héros les plus mystérieux et les plus troublants de la littérature, le défi est grand, mais ô combien passionnant !
Et donc, ce qui devait arriver arriva, je suis entrée dans le livre et je n’ai pas pu en ressortir. Malgré les petits détails que je pouvais lui reprocher, j’ai adoré ce livre, j’ai adoré revivre une énième fois l’histoire d’amour entre Darcy et Lizzie. Alors bien entendu, ce genre de roman ne s’adresse évidemment pas aux personnes qui aiment Jane surtout pour sa satire de la société. Parce que ces « retellings » sont en général romantiques, eux, contrairement aux œuvres d’origine. Je vous dirais que pour ma part, ce n’est pas pour me déplaire (sinon, je n’irai pas les lire), mais que je comprends que ça puisse ne pas intéresser lesd vraies fans de ne lire que l’histoire d’amour, dépourvue du ton mordant mais agrémentée de grands sentiments et de belles déclarations. Comme il est maintenant clair aux yeux de tous que je suis une incurable fleur bleue, j’aime ça. Voilà, c’est dit.
Bon, à côté de l’histoire d’amour intemporelle (qui n’est pas dépourvue de nombreuses notes d’humour qui m’ont beaucoup plu), il y a également le traitement de la relation entre Darcy et sa sœur qui m’a beaucoup plu. La jeune femme est relativement peu décrite dans le roman, comparé à l’importance qu’elle a dans l’histoire et dans la vie de Darcy. J’ai trouvé le personnage et son évolution très plausibles. À travers ses discussions avec Darcy, on en apprend plus sur les sentiments de Georgiana envers Lizzie, quand elle commence à la connaître, on voit à quel point Darcy était impatient que Lizzie et sa sœur se rencontre, à quel point il jugeait que cette amitié pouvait être bénéfique pour sa sœur.
Je n’aurais donc qu’une seule chose à dire en résumé : ah Darcy *soupirs*…
Darcy’s Passion, Pride and Prejudice Retold Through His Eyes
Regina Jeffers
Ulysses Press (pour mon édition), 385 pages