Il ne vous reste qu’une photo à prendre – Laurent Graff
Il ne vous reste qu’une photo à prendre. Vous avez le temps que vous voulez. Vous avez le choix de l’appareil. Il s’agit, entendez bien, de votre dernière photo. Laquelle prendriez-vous ?
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À l’époque où je lisais encore des magazines littéraires (oui, parce que finalement, j'ai arrêté), chers lecteurs, je suis tombée sur un article qui parlait de la sortie du nouveau livre de Laurent Graff, Il ne vous reste qu’une photo à prendre et j’avais été intriguée par le postulat de départ, qui demande au lecteur quelle serait sa réaction si on lui annonçait qu’il n’avait qu’une seule photo, la dernière de sa vie… laquelle serait-elle, cette photo ?
Et puis, les livres tout frais sortis des imprimantes étant relativement onéreux, je l’avais noté et avait attendu sa sortie en poche. J’avoue que je l’avais un peu oublié jusqu’à ce qu’une conversation sur la photographie avec Uncoindeblog ne me le remette en tête. Et là, en consultant le site Internet d’un libraire du Québec, je vois qu’il est disponible en poche ! Il n’en fallait pas plus pour que j’aille le prendre et que je le lise quasiment aussitôt.
Alors, après ce long préambule, peut-être que je vais pouvoir arrêter de vous raconter ma vie et vous parler du livre ? Oui, tout à fait, j’y viens !
L’idée de départ, comme je vous le disais, est follement intéressante. Un homme en aborde un autre dans la rue et lui annonce qu’il ne lui reste qu’une seule photo à prendre, en lui tendant sa carte de visite. La fameuse dernière photo des pellicules, celle qu’on bâcle pour terminer plus vite la pellicule ou au contraire, celle que l’on prend avec soin, que l’on réfléchit et pour laquelle on essaie d’atteindre la perfection. De quel côté vous trouvez-vous, chers lecteurs ? J’avoue que depuis l’avènement du numérique, on n’a plus ce genre de considération. Sauf que le personnage principal, lui, n’est pas passé au numérique et il doit choisir. Quelle photo souhaite-t-il prendre, sachant qu’elle sera la dernière, qu’après celle-ci, il n’en prendra plus d’autre ? Avec lui, la question est posée à plusieurs autres personnes, réunies pour accomplir un voyage de type initiatique, mais à la façon d’un jeu de téléréalité, un voyage qui leur offrira des situations dans lesquels chacun trouvera sa photo et quittera « le jeu »…
Une idée de départ plutôt bonne, donc, sauf que malgré l’intérêt que je portais à cette idée, le roman en lui-même m’a laissée assez froide, je crois bien que je n’ai pas réussi à entrer dedans, à m’imprégner des sentiments et des émotions du personnage principal (qui en ressent assez peu, à vrai dire). Le récit est plutôt bien maîtrisé, mais je suis restée extérieure. À aucun moment je n’ai réussi à m’identifier à aucun des personnages de ce jeu d’élimination, à aucun moment je n’ai réussi à sentir ce questionnement, ce déchirement du choix à faire…
La question du deuil est très présente dans ce roman. Le personnage principal fait le deuil de sa femme, mais avec leur dernière photo, chaque personnage fait un peu le deuil d’une époque révolue, d’une quête qui prend fin avec la photo. Chaque photo marque le passage d’un état à un autre, une prise de conscience, d’une croix que l’on trace sur un passé auquel on avait du mal à dire au revoir…
Vous le savez, j’ai toujours eu du mal avec les romans contemporains qui ont un message sérieux à faire passer, qui disent des choses de manière allégorique, imagée. Moi, je ne vois pas plus loin que le bout de mon nez et je n’accroche que moyennement aux récits allégoriques si ce n’est pas de la mythologie… donc, malgré tout, ce roman n’était pas pour moi. Je lui reconnais sa qualité, son intérêt, mais il vient confirmer que les romans contemporains et moi… c’est pas toujours ça !
(Titre original) Il ne vous reste qu’une photo à prendre
Laurent Graff