La Naissance d’une nation T1, Thérèse – Pierre Caron

Publié le par Pimpi

La grande aventure, c'est la naissance d'une nation. Et il n'est de naissance sans femme pour la donner. Thérèse Cardinal débarque en Nouvelle-France en 1653 et prend aussitôt conscience d'un pays à construire. Laissant les hommes à leurs grandes affaires (guerres, intrigues, commerce et pouvoir), elle lutte pour l'apprivoisement du quotidien, l'instauration de traditions et d'institutions, la pérennité d'une race nouvelle. Cette femme fière et belle, qui fait fi des convenances pour vivre sa vie comme elle l'entend, est une héroïne de la première génération, creuset d'une fierté jamais démentie qui continue encore de dicter l'histoire de ce pays atypique qu'est le Québec.

Publiée pour la première fois à Paris en 1983 sous le titre Vadeboncoeur, cette chronique de la vie à Ville-Marie au XVIIe siècle a connu un grand succès et a fait l'objet de trois autres parutions. La présente édition a été considérablement revue et remanié pour devenir le premier tome de la saga La naissance d'une nation.

 

Je cherchais à lire des romans historiques relatant les premières décennies de mon pays d’adoption et en fouillant sur les rayons d’une librairie, j’ai trouvé ce roman, qui semblait correspondre à ce que je cherchais (en fait, je voulais un roman parlant plus spécifiquement des Filles du roi, mais le livre que je voulais lire est en plusieurs tomes et le premier n’est pas encore revenu à la bibliothèque, je me suis donc rabattue sur celui-ci, mais je m'égare, chers lecteurs).

 

Premier tome d’une trilogie retraçant l’histoire du Québec, des premiers colons jusqu’à la fin du 18è siècle et l’occupation anglaise, Thérèse relate l’histoire de deux familles, colons de la première heure : Pierre Gagné et son fils, surnommé plus tard dans l’histoire Vadeboncœur, et Thérèse Cardinal et sa fille, Marie-Ève. Pierre et Thérèse sont des colons, mais Vadeboncœur et Marie-Eve représentent la première génération de Canadiens. Leur rapport à leur pays n’est pas le même. Pierre et Thérèse se sentent investi d’une mission, celle de tout donner pour créer une nation, un pays, des valeurs, pour donner à la province une chance de grandir, de se développer, de s’imposer. Pour Vadeboncoeur et Marie-Eve, ce n’est pas la même chose. Ils sont nés ici, ils ont la terre, la neige et le fleuve dans la peau, dans le cœur. Ils sont Canadiens. La France, ils ne la connaissent qu’à travers les récits de leurs parents et des autres colons, comme une histoire qu’on raconte aux enfants avant de se coucher.

 

Et à travers les destins croisés de ces quatre personnes, c’est toute l’histoire des débuts du Québec qui défile sous nos yeux : les hivers qu’il a fallu dompter, les guerres contre les autochtones (particulièrement imaginatifs en matière de torture), contre les anglais, les rivalités entre Montréal (à l’époque, Ville-Marie) et Québec… le quotidien, les habitudes, les commerces. La vie des autochtones, leurs traditions, les prisonniers de guerre.

J’ai été fascinée par cette histoire, qui est celle de tout un peuple. L’auteur, Pierre Caron, homme de lettres québécois, connaît son sujet sur le bout des doigts et aime raconter l’histoire de son pays. Il a visiblement fait des recherches très exhaustives avant de rédiger ce roman, si l’on en croit la quantité de détails dont il agrémente son roman, sur la vie quotidienne au 17è siècle, la manière de cuisiner, de chauffer les maisons, les lois et règlements qui étaient édictés par les gouverneurs et intendants, le rapport des colons et Canadiens avec leur pays. Dans ce roman, on croise des noms connus, tels que Samuel de Champlain, Marguerite Bourgeois, Monsieur de Maisonneuve, Jeanne Mance, des personnages qui ont marqué les débuts de la province et qui ont contribué à faire du Québec ce qu’il est aujourd’hui. Tous ces faits et détails apportent une dimension très réaliste à l’histoire, en ce sens que le lecteur peut ainsi se représenter exactement le quotidien, depuis les différentes jupes que les femmes portaient selon les saisons jusqu’aux retranscriptions de certains édits et certaines lois destinées à réglementer la vie dans la province, en passant par les détails des tortures que faisaient subir les Iroquois aux prisonniers et le poids des baguettes de pain.

 

Mais la force du roman est également sa seule faiblesse. Si cette quantité astronomique de détails est des plus intéressantes et extrêmement instructive, et permet au lecteur de replacer l’histoire et les personnages dans un contexte très précis et de comprendre un peu mieux ce qui a motivé tel ou tel comportement, elle est également parfois juste « trop », car au final, il est impossible de retenir tout ce qui est dit dans ce roman, à moins d’avoir des connaissances préexistantes sur le sujet. Mais cela n’enlève rien à la qualité du roman, à mon sens, qui reste malgré cela un roman historique passionnant, qui permet de mieux comprendre les origines de la Belle Province et qui constitue une belle entrée en matière pour quiconque a envie de creuser le sujet!

 

En bref, une très belle découverte donc, chers lecteurs, je pense que je vais poursuivre la lecture de la trilogie !!

 

La Naissance d’une Nation - Thérèse

Pierre Caron

Bibliothèque du Québec

588 pages

4,5 /5

Publié dans Romans historiques

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C
Oui, c'est ça !!! Ah... et tu en avais déjà parlé ? et je t'avais dit que je l'avais... Je suis vraiment un poisson rouge !!!!! Et oui, je vais le lire bientôt, promis !! (Je re-découvre ma PAL et l'envie de relire certaines de ses livres revient !!!)
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P
<br /> T'inquiète pas, j'ai la même mémoire de poisson rouge que toi!! On va pouvoir former un club!!! <br /> <br /> <br />
C
Lors de mes vacances au Québec, il y a 2 ans, j'avais acheté un roman sur les filles du Roy (à la librairie de l'île d'Orléans). Je ne sais pas si c'est le même que celui dont tu parles, et il est toujours dans ma PAL. Il faudrait que je remette la main dessus pour te dire !
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P
<br /> C'était Jeanne, fille du roy, de Suzanne Martel, ton roman, non? Je l'ai lu il y a quelques semaines et tu m'en avais parlé à ce moment-là... Il est très bien, il faut absolument que tu le<br /> lises!!!!!<br /> <br /> <br />
K
Tu sais quoi??  Je pense que je l'ai déjà lu!  Mais bon, j'ai oublié, faut croire!!
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P
<br /> J'aurais dû me douter que tu l'aurais lu.... y'a-t-il un livre que tu n'as pas lu??? En tout cas, j'ai beaucoup aimé ça !!!<br /> <br /> <br />
P
Tu sais, dans Angélique aussi on parle de Québec et de comment la population était poussée à se développer...
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P
<br /> Ouiiiiiii, je sais et je suis vraiment contente de ça (si j'arrive à mettre la main sur Angélique à Québec!!!) ! J'ai tellement hâte! J'aime tellement Angélique!<br /> <br /> <br />