Défi Vie de Château: Balzac - Par Lison

Publié le par Pimpi

Dans le cadre du défi Vie de château, je vous propose le billet de Lison, SBF (sans blog fixe) et qui se sert donc de mon petit espace pour partager avec nous ses découvertes.... 

 


 

 

 

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Cette fois ci j'ai été chercher Balzac puisqu' il y avait un roman intitulé "Sur Catherine de Médicis" et je me suis donc dit que c'était le moment ou jamais de m'attaquer à ce livre classé dans les études philosophiques de la Comédie Humaine (j'ai vu que ce livre était édité en Poche)

Ce roman est en 3 parties: le Martyr calviniste, la confidence des Ruggieri et enfin les 2 reves

Dans la 1ere partie, l'histoire est donc celle de Catherine de Médicis, et de sa lutte  pour s'assurer du pouvoir après la mort de son mari Henri 2 et alors qu'elle a 3 fils, dans une situation politique très difficile puisque les Guise, ultra catholiques,  sont les maîtres de François 2 à travers Marie Stuart, leur nièce, et que la Réforme avec Calvin menace l'unité du Royaume.
Plus précisément cette lutte est centrée sur l'année 1560 et est racontée à travers l'histoire de Christophe Lecamus, fils du pelletier des 2 reines, tout jeune homme idéaliste et gagné à la Réforme, que les Calvinistes envoient à la Cour pour présenter à Catherine de Médicis un plan d'alliance.
La Reine Mère surprise avec les documents transmis par Christophe, pour se sauver , sacrifie celui ci, qui ,  fait prisonnier, torturé  par les Guise,  n'avoue pas qui est derrière ce complot. A la faveur de la mort de Francois 2 et des retournements d'alliances entre tous les grands (c'est HORRIBLEMENT compliqué), Christophe finit par sortir de prison, est remis sur pied par Ambroise Paré à la demande de Catherine de Médicis, qui lui accorde sa faveur, et devient conseiller au Parlement, et donc très bon catholique, réalisant ainsi le rêve d'ascension sociale de son père....

Le roman, historique puisqu'il présente un moment très difficile de l'histoire de France , et fourmillant de mille détails précis sur l'architecture, la vie  à l'époque, le déroulement des evènements,  étudiés par Balzac pendant des années, est classé dans les études philosophiques car l'idée de Balzac était avant tout de présenter le caractère de Catherine de Médicis dans sa volonté de garder le pouvoir (il l'accuse ainsi d'avoir sacrifié François 2 à qui Ambroise Paré proposait une opération qui aurait pu le sauver, d'avoir confié le jeune roi Charles 9- devenu roi à 11 ans- à un Gondi avec mission explicite de "l'amuser" pour qu'elle puisse , elle, gouverner.)
On voit donc outre Catherine de Médicis, le duc de Guise- le 1er Balafré- son frère, le Cardinal qui sont donc les maîtres du Royaume après l'accession au trone du jeune François 2, la jeune reine Marie Stuart, l'Amiral de Coligny, Ruggieri, les Gondi, le Prince de COndé, le connétable Anne de Montmorency, le roi de Navarre, les "filles de la Reine", Calvin à Genève, Theodore de Bèze, le ministre Chaudieu, Amyot, ..
Tout ce monde s'agite, dialogue, complote, tire des ficelles, tend des plans. trahit, ordonne massacres, assassinats et tortures dans la plus grande tranquillité d'esprit (le dialogue de Calvin, ordonnant l'assassinat du Duc de Guise à Théodore de Bèze qui proteste faiblement est tout à fait frappant à cet égard).
Surtout Balzac présente Catherine de Médicis en train de peser les forces en présence, de mesurer ses atouts et ses difficultés, et d'amuser les uns et les autres pour gagner du temps et s'assurer le pouvoir à travers son fils Charles 9, et c'est bien pour cette étude du pouvoir qu'il est classé dans les études philosophiques.

Ce roman est assez inhabituel dans l'oeuvre de Balzac puisqu'il est explicitement historique, (il y a d'autres romans historiques mais le choix d'une époque aussi lointaine est assez rare chez lui) et que l'histoire de CHristophe Lecamus, qui le rattache au monde habituel de Balzac par la volonté d'ascension sociale, la description des milieux de la bourgeoisie marchande de Paris, aussi bien dans leurs moeurs que dans leur habitat, est somme toute mineure par rapport à la description de la lutte pour le pouvoir .

Le problème est que pour une fois, Balzac qui s'est beaucoup documenté , a du mal a faire passer avec fluidité cette masse de documentation dans le fil du récit et que ça retarde le mouvement de l'action qui pourrait être vraiment palpitante.(je n'ai rien contre les descriptions des pièces où se passe une action: c'est meme une de mes raisons d'aimer Balzac, la qualité de ses descriptions! mais ici dans certains cas, c'est tellement détaillé et avec constamment des références avec ce que sont devenues ces pièces au 19 ème siècle que  ça finit par être genant !)

Mais il y a des moments qui sont très bien venus: les moments où l'on voit François 2 et Marie Stuart ensemble sont des petits moments de grace dans cet univers impitoyable, la description de la maison des Lecamus dans le Paris de la Renaissance, la vie de la Cour avec les filles de la Reine, les gentilshommes, et aussi la description de Calvin dans Genève et le parallèle avec Robespierre que fait Balzac, la façon dont Catherine après l'accession de Charles 9 s'en prend à Amyot, et la scène avec son fils .

Un détail amusant à notre époque où la guerre au plagiat et à "l'intertextualité" est si présente , est que Balzac a tiré beaucoup de la trame de son roman d'une pièce de théatre d'un certain Germeau !

Dans la 2ème partie, qui se déroule sur un très court laps de temps ( quelques jours 3 mois avant la mort de Charles 9) on voit celui ci essayer de reprendre les rènes du pouvoir à sa mère, et celle ci lui faire croire que son frère cadet complote contre lui pour le reprendre sous sa coupe et garder le pouvoir.

Ce roman, bien documenté sur les habitudes de Charles 9, le montre en train de faire le "loubard" avec ses compagnons dans les rues de Paris la nuit, profiter de ses courses de toit en toit pour espionner la maison du parfumeur de la reine,voir dans un grenier un atelier du parfait alchimiste et donc arrêter  les frères Ruggieri, avant de les relacher .

Balzac a en fait inventé le personnage de Laurenzo Ruggieri qui lui permet de développer ses thèses sur l'alchimie, à laquelle il s'est intéressé dans d'autres romans.

Dans la 3ème partie très courte, on voit , avant la révolution, un diner galant auquel assiste Marat et Robespierre qui raconte un rève qu'il a eu ou il a vu apparaitre Catherine de Médicis et celle ci se justifier de ce qu'elle a fait. Il y a un parallèle entre le fait pour C de Médicis d'avoir ordonné la St Barthélémy et la Terreur que plusieurs années après, Marat et Robespierre vont faire régner à leur tour.

En conclusion, et malgré le bémol que j'ai indiqué j'ai pris plaisir à lire ce roman, qui m'a remis en mémoire les évènements dramatiques qui ont précédé la période des guerres de religion au16ème siècle .

 

 

Sur Catherine de Medicis

Balzac

Publié dans Romans historiques

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